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Séville avril 2024 : Escribano ce héros, mais aussi Luque, Perera, Roca Rey et d’autres encore... (Compte-rendu Pierre Nabonne)
(26/04/2024)
Il faut remonter assez loin pour retrouver les origines de cette Feria qui, après les Fallas de Valencia, lance véritablement la saison en Espagne. Dès la seconde moitié du XIX° siècle la belle andalouse décida d’organiser une grande foire agricole destinée à promouvoir l’économie locale et régionale. Mais ce n’est que dans les années 40, après la guerre civile, que la Feria taurine prit une ampleur qui en fait aujourd’hui la plus importante du pays avec celle de Madrid.
Après le dimanche pascal qui avait vu Sébastien Castella et Andrés Roca Rey s’illustrer jusqu’à obtenir une oreille chacun alors que Morante n’écoutait que le silence (mais pour lui ce n’était qu’un début, huit autres toros l’attendaient pour autant d’autres silences…), la Real Maestranza ouvrit à nouveau ses portes pour le traditionnel dimanche de pré-feria, le 7 avril dernier. Pour cette corrida inaugurale, le savoir-faire de Calerito et de Lama de Góngora confrontés à la noblesse des toros de Fermín Bohórquez permit aux deux Andalous de recevoir deux et une oreille, respectivement. Mais Séville allait monter en puissance dans les jours suivants. Pour les ganaderos, les toreros et les empresas la Tauromachie n’est et ne sera jamais une science exacte mais Santiago Domec avait sélectionné un lot de toros dont plusieurs allaient se révéler assez exceptionnels. D’entrée José Garrido mit la barre assez haut en coupant une première oreille. David de Miranda fut malchanceux au moment d’estoquer le second, le magnifique «Diestro» qui allait plus tard être reconnu comme le meilleur toro du cycle par les vétérinaires. Il allait se rattraper amplement face au cinquième, «Tabarro» pour lequel le public demanda avec insistance une vuelta posthume qui laissa le président de marbre. Cette fois, après une magnifique faena David eut plus de réussite avec l’épée après avoir entendu un avis, et deux oreilles vinrent l’en récompenser. Le voilà donc relancé et ce n’est que justice lorsqu’on se souvient que son ascension avait été irrémédiablement stoppée par le Covid qui avait fait fermer précipitamment les portes des arènes…
Le 10 avril Miguel Angel Perera allait faire encore mieux. Tout en maîtrise, il avait déjà obtenu un trophée après une première faena très enlevée. Deux autres vinrent ensuite couronner une œuvre majeure devant un adversaire du Parralejo plein d’allant lui offrant, pour sa vingtième saison d’alternative, sa première sortie par la Porte du Prince. Et ce maestro que l’on avait parfois trouvé un peu froid en fut aussi ému qu’un jeune ado se rendant à son premier rendez-vous. Deux jours plus tard ce fut au tour d’un Daniel Luque en plénitude de connaître les mêmes honneurs après deux prestations magistrales. Alejandro Talavante aurait sans doute pu l’accompagner dans le triomphe mais son second coup d’épée remit tout en cause et il dut se contenter d’une oreille de son premier Nuñez del Cuvillo pour finir à égalité quant aux récompenses avec Diego Urdiales, auteur d’une première faena très classique.
Les aficionados avaient coché le samedi 13 avril comme l’une des dates-clés de la Feria avec le premier affrontement public d’Andrés Roca Rey et des Victorino Martin, souvent rugueux, auxquels beaucoup hésitent à se frotter. Pourtant et pour des raisons qui nous échappent, les tendidos se refusèrent à considérer l’importance de cette confrontation inédite et ils n’accordèrent qu’une attention et des applaudissements polis au Péruvien qui fit cependant un réel effort face à son second. Le message passa par contre beaucoup mieux avec Borja Jiménez, lequel coupa une oreille méritoire malgré une estocade assez moyenne. Entre-temps Manuel Escribano, cueilli d’entrée dans ses premières véroniques, avait été transporté à l’infirmerie pour y être opéré d’une cornada profonde à la cuisse droite. Refusant de s’avouer vaincu il refusa l’anesthésie générale et réapparut, en jean et chemise, pour traverser la piste avec solennité et s’agenouiller face au toril pour accueillir le sixième Victorino. Le toro passa dans un nuage d’écume, la plaza chavira d’émotion, l’explosion se fit certainement entendre jusqu’aux berges du Guadalquivir et la musique n’attendit pas l’ordre du président pour entamer son plus vibrant paso-doble. Devant notre écran nous nous surprîmes à nous dresser nous aussi pour saluer le héros du jour sous nos applaudissements, et les voisins de palier doivent se demander encore ce qui se passait… Le reste ne fut que folie à peine contenue, banderilles à hauts risques en tirant la jambe, faena bien calibrée achevée par une épée concluante récompensée par deux superbes oreilles venant parachever un moment exaltant de Tauromachie. A Séville, la nuit promettait d’être chaude !
Huit jours plus tard Manuel Escribano, les chairs à peine recousues, les côtes encore endolories, était à nouveau présent pour le dernier rendez-vous de la Feria face à d’exigeants Miuras malgré les réserves émises par le corps médical. Le premier en action, David Fandila «El Fandi » donna le ton en allant recevoir à genoux son adversaire (nous aurons droit à cinq réceptions de la sorte à «porta gayola», un record dans le genre) avant de partager les bâtonnets avec son compagnon. Lequel lui rendit ensuite la politesse pour autant de tercios de banderilles très enlevés. Et Manuel aurait certainement mérité une belle oreille de son adversaire initial si le coup d’épée n’avait pas nécessité un descabello. Cette récompense, Esaú Fernández l’obtint face au troisième après une faena qui monta en régime parachevée par une bonne estocade mais El Fandi, qui fit preuve d’un sens consommé de la lidia et d’un engagement de tous les instants, la méritait certainement lui aussi. Malgré l’avis d’une bonne partie du public la présidence en décida autrement…
Avant de baisser le rideau au soir de ce 21 avril, la Real Maestranza avait vécu une seconde semaine d’intérêt inégal. Même en sachant qu’à Séville le tercio de piques n’est pas considéré avec la même importance qu’à Madrid ou Pamplona, nous continuons de penser que certains puyazos plus soutenus auraient permis à plusieurs toreros de mieux s’exprimer ensuite. Quoi qu’il en soit, José María Manzanares tira d’un mauvais pas et d’une chute quasi-certaine le picador Manuel Jesús «Espartaco», frère du Maestro, en s’agrippant au cheval jusqu’à bondir sur sa croupe pour un quite salvateur. Parmi les très bons moments, nous n’oublierons pas l’incroyable lenteur de la muleta de Juan Ortega, cet harmonieux relâchement, cette rythmique majestueuse qui fait considérer sa seconde faena comme la meilleure de la Feria, justement primée par les deux oreilles du seul bon toro de la corrida du lundi 15. Et les estocades souveraines d’Emilio de Justo, revenu à son meilleur niveau après la terrible blessure subie à Madrid, récompensées par trois oreilles en deux actuaciones, resteront aussi dans nos mémoires. Tout comme la facilité du revenant «El Cid» face à un excellent toro de La Quinta, ou l’élégance de Pablo Aguado lui valant à lui aussi un trophée.
Mais après tout, à la suite des triomphes de Daniel Luque et de Miguel Angel Perera, pourquoi pas une troisième Puerta del Príncipe, la porte du couronnement à Séville à la condition expresse d’obtenir trois oreilles ? C’est la tâche à laquelle s’attela Andrés Roca Rey le samedi 20 avril après avoir ruminé sa revanche toute la semaine. Plus motivé que jamais, il fit encore monter la pression dans une première série très exposée, déclanchant aussitôt la musique et scellant la réconciliation avec le bon peuple sévillan. Il poursuivit plein centre, toujours crescendo jusqu’à la voltereta sans conséquences dommageables. No pasa nada, les bernadinas ultra-serrées et l’estocade parfaite firent fleurir les mouchoirs signes des deux oreilles aussitôt accordées. Restait encore à conquérir la troisième devant un toro pas commode de Cortès, le second fer de Victoriano del Río. Après les statuaires initiales tout le répertoire tremendiste y passa, circulaires inversés, pendules. Arriva le moment de l’estocade à hauts risques avec un toro difficile à cadrer. L’épée s’enfonça, un avis sonna, le toro hésita un peu avant de tomber et le président, devant la demande majoritaire, sortit enfin le mouchoir. Andrés Roca Rey venait d’obtenir la seconde Porte du Prince de sa jeune carrière de matador de toros.
Et la Feria avait été belle, finalement…
Pierre Nabonne.













 
 
 
 
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