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| DU BURLADERO DE SANTIAGO : Ponce |
| (04/06/2006) |
Heureuse épée, à moitié réussie seulement, qui nous a valu une chorégraphie somptueuse d'une suerte habituellement située dans l'ordre de la nécessité fonctionnelle.
Il s'agit du descabello.
Par respect pour le public, mais aussi au nom de l'idée qu'il se fait de la tauromachie, Ponce a tenu jusqu'à l'ultime seconde de la lidia à offrir sa maestria.
"C'est un magicien !" entendait-on dans les tendidos. Le diestro de Chiva possède, en effet, un pouvoir particulier qu'il ne faut pas confondre avec le talent de l'illusionniste.
Ce dernier sort le même lapin de son chapeau et Enrique Ponce sort un autre toro de sa muleta.
L'un se joue du regard du spectateur et l'autre transmute la réalité de l'animal en la valorisant.
Ce dimanche matin de Pentecôte, Ponce a coupé les deux oreilles de son régénéré et parcouru par deux fois le ruedo pour répondre à l'acclamation reconnaissante.
Le 16 mars 1990, à Valence, le torero recevait l'alternative de la part d'un autre maestro d'exception, Joselito. Plus de seize ans de carrière maintenue à un niveau exceptionnel.
Il est pourtant plus facile de marquer les esprits par le regret suscité par une carrière trop courte que d'interpeller encore en lieu et place de la saturation.
Les figuras, seules, peuvent cela... faire du temps un allié.
Il existe une différence entre une attraction spectaculaire si brillante soit-elle et une oeuvre de référence. Le premier cas bénéficie du crédit des possibles à jamais en suspens et le second s'édifie sur l'accomplissement de ces mêmes possibles.
L'un ramène sans cesse le passé au présent et une nostalgie poétique et l'autre inscrit le passé dans les futurs à vivre. L'art tauromachique construit sa légende sur les deux, mais seul le temps adoube les figuras.
Jacques MASSIP
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