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| DU BURLADERO DE SANTIAGO : Castella |
| (07/06/2006) |
L'avez-vous remarqué ? Lors du paseo de la corrida du 2 juin 2006, dans les arènes de Nîmes, El Juli avait le mollet rond et Castella les zapatillas de Mercure. Le maestro biterrois disposait également, ce jour, de l'éloquence prêtée à la progéniture de Jupiter et Maïa. Il paraît que la disposition actuelle de ce torero s'appelle "l'état de grâce".
Ce terme est mystérieux, mais nous savons maintenant ce qu'il signifie. Du moins, dans son application à l'art tauromachique.
C'est quand 530 kg d'os et de muscles et 15.000 personnes s'engouffrent en même temps dans le vide que vient de créer un drap rouge.
C'est quand le vent devient le souffle du public et l'inspiration du torero.
C'est quand El Juli, pourtant pétri de talents, repart le visage livide, les masséters durcis à se briser les dents
Oui d'accord ! Les épées rétives ne trouvent pas tout à fait le bon sitio. Une véritable aubaine pour les clones du tendido 7 de Las Ventas, qui ont pu trouver là de quoi entretenir la chronicité de leur anorexie. Mais même dans ce domaine, celui de l'exigence, leur entêtement n'est qu'un pâle reflet sans risque de la pugnacité du jeune maestro.
Obstination, volonté, sans aucun doute, Castella en est abondamment pourvu, mais il est avant tout "fort dans sa tête".
Par force est entendue cette aptitude mentale particulière, peu facile à cerner. La fluidité du toreo dépend aussi de la souplesse de ce même mental. Pour cela, la volonté doit s'émanciper du volontarisme, l'intelligence interprétative prévaloir sur les automatismes engrammés, la confiance et la situation présente recouvrir le déterminisme de la confiance auto-centrée. C'est à ce prix que le torero, tantôt sourd, tantôt jaillit au fil de la faena. En cinq actes, Sébastien Castella, en cette Feria de Pentecôte, nous l'a démontré.
Jacques MASSIP
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