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Temporada : Nîmes - Synthèse du colloque taurin "La Plume, le Taureau et le Caducée"
(14/02/2008)
Un public nombreux avait répondu présent. La diversité des approches selon les deux axes médecine et littérature, invite, plutôt qu’au compte rendu, au partage des impressions. Tous les participants ont tenu à communiquer leur aficion, souvent de façon très personnelle, suscitant en écho celle du public.

Cette aficion fut même stimulée par l’inévitable représentant des opposants à la fiesta brava. Les anti corrida font maintenant partie du décor de ce genre de manifestation et dans la mesure où, comme il en a été ainsi samedi, les échanges ont pour cadre une civilité de bon aloi, ces personnes n’ont aucune raison d’y être mal venues. Ainsi, peut-être qu’un jour la réciproque deviendra possible… En attendant, là se trouve la mesure même de l’évaluation objective de l’ouverture d’esprit que produisent les deux milieux de référence concernés.

Destinés à prendre en charge les blessures du corps, c’est pourtant sur les plaies de l’âme que se sont penchés les médecins. A défaut d’une formation adéquate en psychologie, (exception faite pour le docteur Pon, psychiatre) tous se sont investis avec le cœur. « Ce sont des artistes et des amis » fut la conclusion du professeur Navarro à propos des toreros.

Ces toreros qui ne cessent de surprendre par leurs réactions hors du commun, révélées lors des châtiments par la corne les plus traumatisants. « Ce sont des hommes normaux au comportement surhumain. » Et c’est justement cette normalité de laquelle advient l’expression d’un dépassement quelquefois inouï qui interroge. Exemple précieux pour tout un chacun.
Grandeur des terreurs vaincues, des paniques maîtrisées pour répondre à la convocation du toro. La violence de ce fauve redouté, admiré et aimé, mais aussi la pression des attentes intransigeantes du public et encore le doute de ne pas être à la hauteur ou la peur d’avoir peur. Toutes les conditions se trouvent alors réunies qui légitimeraient le refus d’une telle situation, à moins que ne surgisse une force mystérieuse que rien dans les conduites habituelles de ces hommes dits normaux ne laissait augurer.

La passion et la mort, culte d’Eros et de Thanatos qui s’épousent et se refusent, libèrent des espaces d’interrogations, au moins implicites, évoqués ce jour et si familiers des habitués des tendidos par la palette des émotions qu’ils suscitent. Le docteur Giraud sut trouver le ton juste pour transmettre les siennes et toucher les auditeurs.
Par ailleurs, Marion Mazauric et Annie Maïllis ont apporté les dimensions intellectuelles et culturelles complémentaires. Très intéressantes présentations qui ont contribué à l’équilibre de cette journée.
D’autres interventions enrichirent encore ce colloque, notamment, celle du guitariste Philippe Cornier qui accompagnait Alain Montcouquiol, lecteur, entre autres, d’un texte plein d’intelligence de Paco Ojeda.

Le torero nîmois Marc Serrano, à l’orée d’une temporada qui pourrait s’avérer enfin à la hauteur de ses possibilités, fut questionné par le public, apportant le témoignage vivant du professionnel.
L’ouverture, les enchaînements et la conclusion de ce programme bénéficièrent de la pertinence du docteur Christian Dedet, brillant écrivain et ardent aficionado.

Jacques Massip.




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