|
|
Temporada : L'intégralité des chroniques de Jacques Massip sur les corridas de la Feria d'Arles |
(04/04/2008) |
Vendredi 21 mars 2008 - 16h30
LE COUP DE CŒUR DE JACQUES MASSIP : Docteur Ponce, Maestro Ponce
Tellement d’écrits, tellement de propos tenus sur ce torero, que tout paraît dit. On ne peut alors qu’insister et redire peut-être autrement…
Enrique Ponce, ce premier jour de la Feria d’Arles, a acquis un niveau de compétence de plus dans l’art de la médecine vétérinaire. Il est passé, au cours de sa longue carrière, du brevet de secouriste au titre de chef de service en réanimation. Il a dû, devant ses deux Samuel Flores, user d’une thérapeutique très élaborée pour leur rendre suffisamment d’énergie et offrir ainsi, du moins à ceux qui sont capables de le voir, une de ses habituelles démonstrations.
En considérant le nombre de toros régénérés, inventés et graciés, le torero valencian mérite bien de la gent taurine… et des aficionados. Car en fait, c’est bien eux, les aficionados, qui bénéficient du prodigieux talent de ce diestro d’exception.
Un toro aux forces altérées ou aux qualités morales floues est en droit d’être jugé indigne de l’honneur du rideau rouge. Mais la muleta de Ponce est lyrique et lorsqu’elle s’ouvre au passage de l’animal, l’occasion est donnée de redécouvrir Bellini ou Puccini : les grands airs de Casta Diva au Lamento enchantent l’oreille par le plaisir des yeux. Il suffit de regarder pour entendre…
Samedi 22 mars 2008 - 16h30
LE COUP DE COEUR DE JACQUES MASSIP : El Juli, un grand aficionado
Enfin, un temps honnête, eu égards à la Fiesta brava que le soleil se doit d’honorer. Grande affluence autour des Arènes et à l’intérieur. No hay billetes. El Juli, Juan Bautista et José María Manzanares, en compagnie des Domingo Hernández : un plateau prometteur qui expliquait le fait. Vous serez d’accord avec moi, 11 heures du matin, pour tout consommateur de Feria même avec modération, est de l’ordre de l’aurore. Mais pour une figura, il devrait s’agir de la période de sommeil profond. Les toros doivent rendre El Juli insomniaque et heureux de l’être, car il est systématiquement présent dans le callejón les matinées de ses propres tardes et ceci quel que soit le niveau des courses proposées. Voilà sûrement là le secret de ce grand maestro, son afición, son insatiabilité concernant la tauromachie. Jeune selon sa date de naissance, il est pourtant un vétéran par le nombre d’années passées devant les toros de lidia. Cette passion est une leçon pour nos jeunes toreros. Portée à un tel niveau, elle protège de l’usure, elle immunise vis-à-vis du doute, elle transcende l’envie et dispose au don.
Les journalistes s’illuminent lorsque son nom est évoqué et les dithyrambes affluent : phénomène, surdoué, seigneur, extra-terrestre… Le Madrilène en exténue les réserves. Il va falloir devenir inventif car la carrière du Juli s’annonce très longue.
Ce jour, une ovation accueillit son entrée et une autre honora sa sortie, juché sur des épaules d’homme pour avoir coupé un pavillon à chacun de ses toros. Entre temps, il déploya son talent. Tandis qu’il toréait, étaient visibles la concentration et le plaisir qui se disputaient la prééminence sur l’arène de son visage, en un mano à mano sans perdant. Sa réalisation avec son premier toro alla a más, témoignant de sa grande maîtrise et de son intelligence. Malgré un pinchazo et une entière imparfaite, le public insista après l’oreille octroyée, mais en vain. Ensuite, un Garcigrande fut substitué au Domingo Hernández qui s’était blessé en piste. Après avoir donné des frayeurs à Alain Bonijol pour avoir failli projeter cheval et cavalier dans le callejón, le toro se buta, fixant le sable. La force de persuasion était maintenant nécessaire. Qu’importe, le Juli s’installa dans le berceau des cornes pour chuchoter de stimulantes injonctions avec la muleta. L’épée trouva le bon chemin et une autre oreille s’ajouta à la collection de celui qu’un journaliste inspiré avait s
|
|
|
|
|
|
|