Reportage video et compte rendu de la cinquième Corrida de la Feria des Vendanges 2009 à Nimes

Féria de Nimes - 5ème Corrida de la Féria des Vendanges - www.corrida.tv (46,7 Mo)

20 Septembre, FERIA DES VENDANGES, NIMES. Commentaire de Jacques Massip.

ENCORE UNE BELLE MATINEE NIMOISE OFFERTE PAR MORANTE ET CASTELLA AVEC DE BONS VICTORIANO DEL RIO.

Un mano a mano n'est pas un combat de judo. Les projections et les étranglements n'y déterminent pas un vainqueur. Il s'agit plutôt d'une occasion d'apprécier au mieux la prestation de chacun des acteurs, grâce à une possibilité supplémentaire offerte par un toro de plus. Aussi, réduire le résultat à un score altère l'esprit même de la fiesta brava. MORANTE DE LA PUEBLA et SEBASTIEN CASTELLA sont l'un et l'autre dans une expression personnelle affirmée qui ne se compare pas. Mais ils sont tous deux disciples de Chronos, qui semble leur déléguer ses pouvoirs. Les replacements, l'absorption par le leurre de l'énergie du toro pour la templer, l'indifférence vis à vis de l'horloge présidentielle, en sont autant de témoignages.

Dimanche, onze heures. Par ses statuaires, ses derechazos, ses naturelles, MORANTE arrache et plus encore extirpe, de son toro sa substance même, pour en faire du Morante. Pour toréer, il doit d'abord trouver le chemin qui le conduit à lui-même, car c'est en lui qu'a lieu le rendez-vous. Alors le maestro s'auto-torée, faisant du fauve son invité d'honneur. Mais le public est souvent plus sensible à l'alegria qu'à la lenteur et ne dispose pas toujours de la patience nécessaire. Pourtant, avec son deuxième adversaire particulièrement, on a vu l'Andalou descendre la main d'un cran à chaque passage du Victoriano, tout en le rapprochant progressivement de lui, le tout dans une paradoxale retenue fluide. Cette façon de faire défrise les excités et fait pousser une coleta à ceux qui ressentent le toreo plus qu'ils ne le consomment.

SEBASTIEN CASTELLA aussi, nous l'avons dit, sait densifier le temps et il adjoint de plus à sa tauromachie des moments d'alegria. Lui aussi torée de près, de très près, jusqu'à en être déséquilibré lors des passages du toro. Et il dispose avant tout de cette élégance qui demeure dans toutes les situations, accompagnée d'une volonté tremenda qui elle aussi, jamais ne se dément. En cette matinée de nouveau triomphe, Sébastien a servi des derechazos la moitié de la muleta balayant le sable, des naturelles à 360°, à son premier toro. Il s'empressa d'utiliser la mobilité réduite du suivant pour conquérir le berceau des cornes et y demeurer. Son dernier adversaire était le plus difficile. Le maestro prit d'autant les moyens en l'appelant du centre comme il l'affectionne, pour le faire passer dans son dos. C'est peut-être devant ce toro, mal disposé, que son élégance par contraste s'imposa plus encore, rayonnant du grand oeil de l'arène jusqu'au arcades les plus éloignées, subjuguant le public, qui fut pourtant timoré dans la demande de récompense.

Quoique d'un jeu inégal, les VICTORIANO DEL RIO ont permis le succès de cette course.

Les corridas matinales, spécialité nîmoise au même titre que la brandade ou les croquants Villaret sont souvent tout aussi savoureuses.