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Temporada : Féria de Béziers 2014 - Le bilan
(01/09/2014)
Feria de Béziers 2014 : intéressante dans l’ensemble.

La saison tauromachique française touche déjà à sa fin : pour le Sud-est, Arles pour sa Feria du Riz, Nîmes pour ses Vendanges et ce sera fini pour cette année. Elle nous laissera toutefois bien des souvenirs, y compris la récente Feria célébrée à Béziers autour de l’Assomption comme à l’habitude, du 13 au 17 août.
Dès le mercredi la ville avait pris ses airs de fête et, s’il en était encore besoin, le brillant défilé équestre des Arènes au Théâtre venait indiquer aux éventuels distraits que les festivités débutaient. Et l’après-midi du lendemain marquait lui aussi un retour aux traditions fort bien venu, 53 juments et leurs poulains encadrés par d’attentifs cavaliers venant rappeler les transhumances d’antan aux curieux massés sur les allées Paul RIQUET. Mais déjà les aficionados se dirigeaient vers les Arènes prêtes à accueillir la foule des grands jours, plus de 11.000 spectateurs. Lesquels allaient se montrer fort déçus de la présentation et du comportement des toros de Daniel RUIZ.devant lesquels l’enfant du pays, Sébastien CASTELLA, ne pouvait rien faire de saillant. Pour lui, le lendemain allait être heureusement un autre jour mais en cette après-midi du 14 août il fallait tout le métier du JULI pour remettre sur pied son second opposant (le mot adversaire aurait été inapproprié bien que les réactions d’un toro puissent être toujours des plus dangereuses) et obtenir une oreille demandée par un public trop peu exigeant après une épée sur le côté. Oui, n’en déplaise aux grincheux, le président Michel DAUDE avait tout à fait raison de refuser le second pavillon. Par contre, il ne le refusait pas à MANZANARES, capable d’exploiter la bravoure du seul bon toro de la tarde, le sixième. Il était temps mais l’élégance habituelle du torero d’Alicante (que nous aimerions toutefois voir plus souvent toréer de la main gauche) et un excellent recibir arrachaient l’adhésion du bon public biterrois.

Le 15 au matin, la première novillada non piquée voyait le triomphe de Joaquin GALDOS (deux oreilles) alors que Joao MACHADO, jeune élève de l’Ecole Taurine Biterroise, coupait son oreille et se voyait attribuer le prix du meilleur quite de la becerrada..
Pendant ce temps, malchanceux la veille, CASTELLA ruminait sa revanche et il allait l’obtenir en coupant une et une oreille des pensionnaires de Robert MARGE. Nous en avons pourtant vu de meilleurs cette année, à Arles comme à Istres (avec des toros distingués par une vuelta posthume) et surtout à Palavas avec la grâce obtenue par l’un de ceux torées par ESCRIBANO. Parfaitement présentés, sérieux, s’employant à la pique, certains d’entre-eux se sont pourtant un peu trop vite éteints dans la muleta d’un Sébastien très ferme et parfaitement maître de son art, achevant ses œuvres par une demi-épée efficace devant son premier et par une estocade très volontaire face à son second
Si Enrique PONCE, excellent la veille à Dax comme dans beaucoup d’autres plazas malgré la grave blessure subie Valencia en mars dernier qui aurait pu l’expédier dans l’autre monde, était en ce 15 août aux abonnés absents, Juan BAUTISTA tenait à faire étalage, à Béziers comme partout, de l’état de grâce qui ne le quitte plus depuis la saison dernière. Très combatif face à un premier MARGE aux instincts dangereux, il pensait en avoir mérité l’oreille (ainsi que la majorité du public) après une estocade foudroyante mais Michel DAUDE ne l’entendait pas ainsi…..avant de céder plus tard aux sollicitations du public séduit par une seconde faena spectaculaire, debout comme à genoux., achevée au second essai... Allez, alors que Sébastien CASTELLA était emporté vers la Grande Porte sur les solides épaules de ses admirateurs, il pensait certainement à son rendez-vous du dimanche face aux souvent redoutables MIURA

Mais déjà la parade musicale se faisait entendre, menée par trois poupées géantes entourées par leur garde rapprochée de tambours, extravagantes divas juchées sur d’immenses bulles, le tout s’apprêtant déjà à un final véritablement féerique place du Forum face à la Mairie, se balançant tout en haut d’une grue à 80 mètres de hauteur.

Il faut d’ailleurs saluer comme une véritable réussite le fait que Béziers a su renouer à l’occasion de cette Feria 2014 avec son brillant passé lyrique qui en avait fait la «Bayreuth française ». Si le premier spectacle tauromachique dans les actuelles Arènes dites du « Plateau de Valras » date du 27 juin 1897, il ne faut pas oublier qu’un mécène passionné d’art lyrique, Fernand CASTELBON de BEAUXHOSTES (1859-1934) participa financièrement à leur achèvement. En contrepartie, la dernière semaine d’août était, jusqu’en 1926, consacrée à de grandioses concerts pour lesquels des trains entiers étaient même affrétés depuis Paris D’ailleurs, d’immenses compositeurs tels que Camille Saint-SAËNS ( 1885-1921) ou Gabriel FAURE (1845-1924) ont écrit à Béziers, modeste sous-Préfecture, quelques-uns de leurs chefs d’œuvre. Pour relier ainsi passé et présent, et comme pour donner encore plus de cachet au paseo, Frédéric CORNILLE entonnait sous l’ovation générale le grand air d’Escamillo dans CARMEN, alors que Catherine BOURGEOIS envoûtait l’assistance à la mi-corrida avec « L’Amour est enfant de Bohême ». Superbe !

Mais déjà nous arrivions au samedi, veille de la clôture : mon Dieu, comme le temps passe vite parfois ! Ce 16 août au matin, un autre jeune biterrois, Carlos OLSINA et le Dacquois Jean-Baptiste MOLAS, se distinguaient en obtenant respectivement, deux oreilles pour le local et une accompagnée de deux vueltas pour le landais.
Mais c’est l’après-midi qui allait se charger d’apporter le plus fort lot d’émotions de la Feria. Devant six impressionnants toros de la ganaderia de TORRESTRELLA (fondée par Alvaro DOMECQ, l’un des plus grands rejoneadores de l’Histoire), Manuel ESCRIBANO, très spectaculaire et que tout le monde attend maintenant aux banderilles plantées dans des terrains extrêmes au fil des planches, se voyait récompensé de sa témérité par une oreille. David GALVAN, très courageux lui aussi mais malchanceux à l’épée et CAYETANO ORTIZ allaient eux aussi littéralement se jouer la vie face à de coriaces adversaires.
CAYETANO, troisième matador de toros biterrois après Sébastien CASTELLA et Thomas CERQUEIRA l’an dernier, avait pris l’alternative deux mois auparavant à Istres des mains de l’illustre JOSELITO, sorti d’une retraite de onze ans pour l’occasion. Talent absolument intact, le Madrilène en majesté avait récolté quatre oreilles et une queue, rien de moins, alors que la musique prise elle aussi sous le charme lui jouait « L’Hymne à l’Amour » puis ‘Le Concerto d’Aranjuez » pour sa seconde faena : « C’est une corrida inoubliable que nous avons vécue. Du pur bonheur » écrivait alors Marie-José MEIFFRE.
Mais dans l’histoire notre CAYETANO (Gaétan VIDAL pour notre Etat-civil), 62° matador de toros français, avait été loin de faire mauvaise figure, coupant même l’oreille de son toro d’investiture après seulement treize novilladas à son crédit l’an dernier et deux cette année, matérialisées par quatre oreilles avant le grand jour.
Le défi qui l’attendait à Béziers était donc énorme pour la seconde corrida de toros de sa jeune carrière. Mais le Biterrois allait le relever avec tous les honneurs : dominateur face à son premier, il s’en voyait déjà récompensé par une première oreille avant d’être sévèrement accroché par son second. Sérieusement secoué, son bel habit de lumières en lambeaux après d’interminables secondes à la merci des cornes, il repartait au combat pour de méritoires séries de la main droite et des manoletinas serrées avant d’enfoncer une épée rageuse pleine de décision. Et comme MANZANARES le premier jour et CASTELLA le second, il connaissait à son tour les honneurs de la Grande Porte de ses Arènes-fétiches. Lesquelles n’avaient pas connu l’entrée espérée, mais seuls les absents avaient eu tort.
Sans doute avaient-ils préféré se disperser au gré des multiples animations, concerts divers , superbes spectacles équestres, nuits magiques du Flamenco ou plus prosaïques Bodegas et Casetas pour tous les goûts, chacun y avait sûrement trouvé son compte.

Pourtant il fallait encore faire un dernier effort pour se lever après les libations de la veille et ne rien manquer de la novillada piquée du dimanche matin. Le jeune Péruvien Andrés ROCA REY, déjà remarqué l’an dernier à Boujan, faisait forte impression devant les exemplaires bien charpentés choisis par Philippe PAGES et Pascal MAIHAN dont il obtenait deux oreilles après que Philippe El SAN GILLEN, professeur de l’Ecole Taurine-Béziers-Méditerranée et membre de la cuadrilla du jeune garçon pour l’occasion, ait été invité à saluer aux banderilles, Vicente SOLER et Louis HUSSON étant pour leur part récompensés par un trophée chacun.
Mais on attendait déjà beaucoup du mano a mano final entre Juan BAUTISTA et Javier CASTAÑO, spécialiste incontesté de ces toros de MIURA que refusent obstinément d’affronter la plupart des « figuras », ainsi dénommées dans le mundillo. Mais Jean-Baptiste en fait partie lui aussi de ces figures, avec plus de 500 corridas à son compteur et des triomphes marquants partout dans la géographie taurine, y compris trois grandes portes à Madrid, l’une en tant que novillero en 1999, les deux autres comme matador de toros en 2005 et 2007. Seulement, et contrairement à beaucoup d’autres, il n’hésite pas à affronter VICTORINO, MIURA et autres. De plus, il veut marquer ses 15 ans d’alternative par des gestes significatifs et les événements lui donnent raison. Très à l’aise devant des adversaires imposants, tous de plus de 600 kilos, fortement armés mais aux tempéraments divers, il débutait par de belles véroniques avant de réaliser une faena très technique devant un premier adversaire compliqué et mobile dont il se défaisait d’une entière un peu basse, raison pour laquelle Michel DAUDE faisait justement la sourde oreille malgré la pétition qui montait des gradins. Mais le président se montrait plus généreux après sa seconde faena conclue encore par une nouvelle épée un peu basse mais d’effet immédiat. Et Jean-Baptiste, totalement libéré, dans la plénitude de ses moyens, allait livrer une dernière prestation de haut vol devant le cinquième MIURA, un toro répétitif dans ses charges qui allait lui permettre de faire étalage de toute l’étendue de son registre. Eh oui, on peut dans certains cas toréer des MIURA comme n’importe quel autre toro : certes nous sommes loin des aurochs de la Préhistoire et ça ne fera peut-être pas plaisir à tout le monde mais c’est ainsi. Et les MIURA de Béziers, sans être exceptionnels malgré les 17 piques reçues, auront tout de même fait oublier le fiasco de leurs congénères nîmois à Pentecôte
Restait tout de même à finir le travail en beauté. Si le recibir rentre, ce sont deux oreilles assurées pour l’Arlésien. Hélas, l’épée bute sur un os et il faut s’en remettre à un pinchazo profond et à un descabello foudroyant pour une nouvelle oreille qui lui assure une nouvelle Grande Porte que personne ne peut discuter. Après un dernier « Se Canto », l’hymne occitan entonné par Floréal VAQUERIN (le fils d’Armand, pilier de la glorieuse A.S.Béziers multi-championne de France), CASTAÑO, auteur de faenas méritoires, échoue encore aux aciers et voit son compagnon de cartel s’éloigner sous les vivats : un beau final pour une Feria intéressante.

Pierre NABONNE
Avec l'aimable autrorisation de l'"Agathois"













 
 
 
 
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