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Temporada : Fallas de Valencia : El Juli, Castella, Morante en majesté; El Soro en héros. Le bilan des Fallas 2015 par Pierre Nabonne |
(26/03/2015) |
Fallas de Valencia : El Juli, Castella, Morante en majesté; El Soro en héros. Après Olivenza et Castellon, la capitale du Levant espagnol avait donné rendez-vous aux aficionados pour la 1° Feria de catégorie de la Temporada. Jimenez Fortès, toujours aussi valeureux, enleva le premier trophée mais il fallut tout de même attendre la 3° corrida et l’entrée en piste de Morante de la Puebla face à son second Victoriano del Rio pour entrevoir les sommets. Revanchard après son désastre au descabello à son premier (une dizaine de tentatives!), il entama sa seconde prestation par une profusion de séquences de grande classe : inspiration, douceur, profondeur, tout y était. Seul le pinchazo précédant une belle estocade empêcha l’octroi des deux oreilles mais, plus tard au moment des délibérations du jury, sa faena fut justement reconnue comme la plus belle de la Feria. Au soir de cette tarde du 14 mars, si El Juli et Daniel Luque, remarquable à la cape, furent égaux à leur réputation (une oreille chacun), le tout Valencia taurin ne jurait que par Morante.
Le lendemain, avec El Fandi (une oreille) et Roman, «notre» Sébastien Castella rentrait à son tour en lice. Et il fut tout bonnement formidable! Rythme, cadence, proximité, le tout couronné par la meilleure estocade de la Feria, lui valurent une et deux oreilles et une sortie en triomphe par la Grande Porte unanimement saluée par le bon public valencien. Le 16, la ville célébrait les 25 ans d’alternative d’Enrique Ponce, égal à lui-même (une oreille) devant des Juan Pedro Domecq pas fameux. Mais c’est un revenant après 21 ans d’absence forcée, Vicente Ruiz El Soro, qui remporta tous les suffrages. L’on connaît son histoire: seul survivant du cartel tragique du 26 septembre 1984 à Pozoblanco où Paquirri fut mortellement blessé, (un an avant le très prometteur Yiyo), il poursuivit, entre succès et blessures, un très estimable parcours. Le 8 avril 1994, alors au sommet de sa carrière, il affronta seul 6 toros à Benidorm. Après une pose de banderilles particulièrement risquée, il se disloqua le genou en manquant sa réception après avoir sauté la barrière. Ce qui lui valut une interminable traversée du désert entrecoupée de 34 opérations, de dix ans en marchant péniblement avec des béquilles, et de trois autres en fauteuil roulant. Mais il n’avait qu’une idée en tête: vaincre le mal, la souffrance et la malchance, montrer à tous qu’il restait, envers et contre tout, El Soro. Animé par une profonde croyance en Dieu et une volonté de fer, ne doutant jamais de lui, il s’attela à la tâche et, oh miracle, reprit muleta et épée en fin de saison dernière. Parvenant à affiner quelque peu sa silhouette, il s’acharna à perdre encore une trentaine de kilos superflus avec toutes ses pensées déjà tournées vers Valencia. Incroyable mais vrai, il s’aligna donc au paseo du 16 mars avec une prothèse en titane et planta les banderilles comme à ses plus beaux jours, avant de défier et de dominer son toro devant un public en délire. Meilleur que le plus diplômé des experts en communication, il interrompit sa faena pour se munir d’un drapeau de la Communauté Valencienne et le planter au centre du ruedo: signé El Soro, 52 ans et une oreille tout à fait méritée! Restait encore à maîtriser son second adversaire mais le show n’était pas terminé: réception à portagayola…assis sur une chaise (peut-être pour récupérer ?), faena valeureuse, sérieuse bousculade à l’estocade, 3 vertèbres endommagées mais deux tours de piste avant la sortie en triomphe et le départ pour l’Hôpital qu’il connaît si bien : Vicente, vous avez réussi votre insensé pari, vous êtes redevenu Très Grand mais maintenant soyez raisonnable et arrêtez de nous faire trembler!
Bien évidemment, les deux tardes suivantes parurent plus fades, malgré l’élégance de Diego Urdiales et les talents de Talavante, récompensé par un trophée. Pour clore le cycle des corridas, il restait encore les deux du 19 mars, le grand jour de la Saint Joseph. Le matin, Andy Cartagena se montra le meilleur rejoneador mais l’élégance de Lea Vicens lui valut de chaleureuses ovations. L’après-midi, malgré un vent violent tourbillonnant, Finito de Cordoba démontra une nouvelle fois la belle allure de son toreo et Perera (2 oreilles) sa témérité. Mais El Juli, insolent d’aisance devant son premier, sidérant de maîtrise technique devant son second adversaire (un Domingo Hernandez qui se révéla comme le plus sérieux des six) récolta en toute justice la totalité des trophées, deux et deux oreilles, plus celui de grand triomphateur de la Feria : personne n’avait fait mieux à Valencia depuis Victor Mendès en 1987 !
Il ne restait qu’à baisser le rideau sur deux intéressantes novilladas où Varea se montra le meilleur. Cette année à Valencia, il avait fait carrément froid mais le cœur des aficionados restera pour longtemps rempli de soleil. Pierre Nabonne pour Corrida.tv.
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