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Temporada : Sevilla 2016, la querelle des « Anciens » et des « Modernes ». Compte-rendu de la première semaine de Séville par Pierre Nabonne
(12/04/2016)
Sur les rives du Guadalquivir, 15 jours après la Semaine Sainte Séville se met à chanter et à danser après avoir passé la fin d’après-midi à la Real Maestranza.

La première semaine s’est achevée ce dimanche sur une nouvelle éclatante démonstration de Diego Ventura, ahurissant de maîtrise, de risques calculés sur ses magnifiques chevaux. Après un rejón foudroyant qui lui valut les deux oreilles de son 1° toro de Bohórquez, toute l’arène s’apprêtait déjà à fêter sa onzième Porte du Prince…à condition d’ajouter un nouveau trophée. La faena fut une nouvelle fois enthousiasmante dans ses quiebros au millimètre mais hélas, il ne vînt à bout de son adversaire qu’à la 3° tentative. Dommage, mais Diego avait une fois de plus conquit Séville. Sergio Galán sut pour sa part, six ans après, se rappeler au bon souvenir de l’afición andalouse. Valeureux jusqu’à accueillir son 1° au-delà de la porte du toril, il fut le seul à oser une paire de banderilles à deux mains et fut justement récompensé par une belle oreille. Beaucoup attendaient aussi la Nîmoise Lea Vicens dans une arène aussi prestigieuse. Si la pression d’un tel rendez-vous se fit sentir lors de sa première prestation, elle se libéra totalement ensuite. « La jeune Française, alliant élégance, sobriété et qualité, conquit les tendidos », relate Mundotoro.com. Elle manqua de réussite au moment de la suerte suprême alors qu’elle était tout près de couper une oreille pour ses débuts à Séville, et la grande ovation ne parvint pas à la consoler de sa déception.
Pour en finir avec la palmarès des corridas équestres, n’oublions pas Andrès Romero qui coupa deux oreilles lors de la première tarde (la seconde quelque peu généreuse) du 3 avril et Andy Cartagena une, plus que méritée celle-là.

A pied, plusieurs toreros s’illustrèrent…bien davantage que beaucoup de toros, bien présentés pour la plupart d’entre-eux mais manquant trop souvent de bravoure, un mal qui devient plus que récurrent…
Pepe Moral, déjà très en vue à Dax l’an dernier, et Javier Jiménez pour sa première corrida de la saison, furent les premiers lauréats, une oreille chacun des toros de Torrestrella. Joselito Adame, très convaincant, se serait ajouté au palmarès le lendemain si l’estocade avait été à la hauteur…
Jeudi dernier, on attendait beaucoup du mano a mano Castella_López Simón. Trop sans doute, car les toros d’El Pilar-Moíses Fraile ne furent pas à la hauteur espérée.
Alors que notre Sébastien bouillait de rage contenue, Alberto réveillait enfin l’assistance devant le quatrième, meilleur que ses congénères. Et là, il réussissait à trouver le sitio et la distance adéquate pour couper, tout en douceur et sobriété, la première oreille. Et une autre suivit face au dernier, à force d’entrega entre les cornes : Séville avait trouvé son premier triomphateur !

Les deux tardes suivantes, plusieurs « chevronnés » firent eux aussi très forte impression. Morante de la Puebla est toujours attendu comme le Messie à Sevilla, presque autant que l’était Curro Romero, « El faraón » du siècle dernier. Il avait soufflé le chaud et le froid le dimanche de Résurrection, écoutant les fatidiques trois avis à l’issue d’une trop longue faena. Et l’histoire faillit se répéter vendredi.
Toujours aussi majestueux à la cape, il s’employa longuement à tirer le maximum d’un toro trop fade avant de dessiner des muletazos de grande classe. Hélas, le temps ne s’arrête jamais et on commençait à s’inquiéter de ses échecs à l’épée. Les deux premiers avis avaient déjà retenti quand le toro tomba enfin. Ouf, l’honneur était sauf et la grande ovation plus que méritée : Sevilla avait retrouvé son idole.
Si Miguel Angel Perera s’échina lui aussi à tirer le meilleur parti de ses opposants (de Victoriano del Río et Cortés), El Juli, à force d’insistance et de maîtrise technique, finit par tracer, à la suite de changements de main seigneuriaux, de superbes naturelles qui lui valurent la seule oreille de la tarde durant laquelle trois figuras del toreo réussirent à captiver tendidos et gradins.

Et ce samedi 9 avril nous montra, sous les yeux de Don Juan Carlos lui-même, un Maestro en majesté,dans la plénitude de son art, terminant un véritable faenón par ses fameuses « Poncinas » genou ployé avant d’enterrer tout l’acier dans un Juan Pedro Domecq qui n’en demandait pas tant. Une oreille avec forte pétition de la seconde, l’oeuvre majeure de Enrique Ponce valait certainement bien plus…Si Manzanares nous parut bien fade cette fois, Andrès Roca Rey s’employa, pour sa présentation à Sevilla, à relever le défi. Il sut s’attirer les applaudissements par sa variété à la cape avant de montrer toutes ses dispositions muleta en main. Doté d’un courage frôlant la témérité, il se retrouva sur les cornes de son adversaire et s’en sortit par miracle avant d’effectuer une vuelta très chaleureusement fêtée.
L’afición a déjà pris date pour le second rendez-vous du vendredi 15 avril avec le jeune Péruvien, ce vendredi. Si les toros le permettent, la semaine sera chaude…

Pierre Nabonne.



 
 
 
 
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