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Temporada : Miracles sévillans, suite et fin |
(20/04/2016) |
Nous avions quitté Séville au soir de ce mercredi 13 avril 2016 déjà entré dans la Légende. Nous ne savions pas qu’une autre tarde d’anthologie nous attendait deux jours plus tard
Le jeudi nous parut tout de même paru assez fade. Après l’apothéose victorienne de la veille, les Nuñez del Cuvillo ne risquaient pas de soutenir la comparaison, même si les 2° et 5°, ceux de Manzanares, surent se montrer intéressants. L’Alicantin, élégant comme toujours mais tout de même un peu distant dans ses entreprises, réussit deux excellentes estocades qui lui valurent deux oreilles. Mais finalement José Garrido, un an après son alternative, fut le plus convaincant. Auteur d’une faena très engagée, il fut pris violemment au moment de l’estocade et se retrouva en grand danger. Le chef de lidia, Sébastien Castella, sauta aussitôt en piste pour lui porter assistance avant que José ne rejoigne l’infirmerie. Il en ressortit en jean après y avoir laissé sa taleguilla pour affronter le 6°, toujours avec la même vaillance et les mêmes bonnes dispositions : encore un jeune avec lequel il faudra compter ! Quant à notre Sébastien, il ne put pas montrer grand-chose devant deux toros sans transmission.
La même ganadería se retrouvait pourtant à l’affiche du lendemain pour la treizième corrida, celle du vendredi 15. El Julí commença en fanfare mais son 1° toro s’éteignit après trois excellentes séries. Son second ne valait guère mieux mais Julián, la rage au coeur, réussit à lui faire suivre sa muleta dominatrice. Ce qui devait peut-être arriver arriva et, à force de s’employer et de s’exposer, il se retrouva à la merci des cornes de son adversaire. Secoué et blessé, il n’en poursuivit pas moins son travail avec la même intensité avant de rejoindre l’infirmerie puis l’hôpital pour un bref séjour. En tout cas, il s’était une nouvelle fois comporté en Maestro. Entre-temps Andrès Roca Rey, un vrai coq de combat, avait coupé la première oreille du festejo à base d’engagement, d’intrépidité même. Mais le bon peuple sévillan attendait son Messie, José Antonio Morante de la Puebla. Lequel n’avait pas obtenu d’oreille à la Real Maestranza depuis 2010, et pas encore touché un adversaire à sa mesure parmi ses sept toros précédents de l’édition 2016. Oh miracle, son huitième et dernier allait enfin se révéler le partenaire idéal ! Et Morante, avec une créativité, une plasticité sans égales, ravit assistance et téléspectateurs : Grand Dieu quelle grandiose faena, la meilleure de la Feria sans aucun doute, récompensée par deux oreilles plus que méritées et unanimement fêtées! José Antonio avait le triomphe modeste mais il pouvait sourire ; Séville avait retrouvé son idole !
Le lendemain, l’on pouvait légitimement craindre une certaine décompression. C’était sans compter, après El Fandi (une oreille), sur un Padilla des grands jours, un Padilla à l’état pur justement récompensé par trois oreilles des Fuente Ymbro. La Porte du Prince s’ouvrait à deux battants pour la première fois en 15 corridas, sur ce véritable héros (le mot n’est pas trop fort) revenu du fond du fond après la gravissime cornada, sa 37°, du 7 octobre 2011 à Saragosse. Et ce dimanche pour le baisser de rideau un autre vrai courageux, Rafaelillo, allait se montrer à son tour plus que convaincant face aux Miura desquels il arrachait en toute justice la dernière oreille de la Feria..
Eh oui c’est fini, mais nous aurons vu de bien belles choses !
Pierre Nabonne.
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