Location vacances appartement Stes Maries de la Mer

MENU : Temporada - Artistes / Artisans - Boutique - Services
 
Actualité
 
 
 
Temporada : Nîmes, Septembre 2016 : d’excellentes Vendanges. (Pierre Nabonne)
(22/09/2016)
De nombreux aficionados étaient repartis assez déçus de la Feria de Pentecôte.
Avec raison certainement, mais celle des Vendanges aura certainement permis à beaucoup d’entre-eux de réviser leur jugement.

Déjà la présentation et la noblesse des novillos de l’élevage héraultais San Sebastian avaient, pour l’ouverture du vendredi après-midi, favorablement impressionné l’assistance. Et permit aux jeunes Manolo Vanegas (Vénézuelien, deux oreilles), Tibo Garcia (très séduisant pour sa présentation dans les arènes de sa ville, une oreille) et à l’Arlésien Andy Younes (lui aussi une oreille) de faire étalage de leurs remarquables dispositions. Le soir tout le monde pouvait donc afficher une légitime satisfaction, à commencer par l’éleveur Gilles Vangelisti qui traite ses bêtes de la meilleure des façons dans son Domaine du Lacan à Fontanés.
Si la qualité du bétail avait souvent été mise en cause en mai dernier, la plupart des doutes auront été levés en cette fin d’été…à l’exception de la déception causée par les Puerto de San Lorenzo de la première corrida du samedi matin dont trois exemplaires, totalement invalides, durent être changés en piste.
Pourtant, tout avait parfaitement débuté avec la vuelta posthume du premier après que son matador Rafaelillo (remplaçant David Mora blessé à Albacete) ait été gratifié d’une oreille. On avait déjà pu noter une baisse de tonus chez le second mais peu de toros résistent actuellement à la muleta soyeuse, sérieuse et dominatrice de Juan Bautista qui se voyait récompensé par ses deux oreilles. Une du cinquième allait venir ensuite pour lui permettre une dixième sortie par la Porte des Consuls, et la onzième n’allait pas tarder à venir.
Car l’Arlésien traverse actuellement sa meilleure période, il l’a amplement démontré tout au long de cette temporada 2016 partout où il est passé, tant en France qu’en Espagne, de Madrid jusqu’à notre Sud-Est. Il en avait encore fait la démonstration une semaine auparavant à Arles en obtenant une moisson de trophées, quatre et une queue, lors de la corrida goyesque. Laquelle avait permis de retrouver, sept ans près sa despedida officielle, un Luis Francisco Esplà toujours en pleine possession de ses moyens et de ses ressources techniques reconnues par tous, y compris par Morante de la Puebla qui n’hésita pas à le hisser sur ses épaules pour une inoubliable sortie aux côtés de Jean-Baptiste après que le Maestro alicantin ait été, pour sa part, récompensé par une et une oreille de ses adversaires et Morante par une.

Un nouvel après-midi de gloire, à Nîmes cette fois, Sébastien Castella en rêvait lui aussi.avant d’affronter six redoutables toros d’Adolfo Martín, un défi qu’aucun autre torero n’avait osé relever auparavant. Et, même si l’épée allait quelque peu trahir notre Biterrois-Sévillan, celui-ci allait se montrer tout à fait à la hauteur de l’évènement, reconnu comme tel par tous ceux qui remplissaient le vieil amphithéâtre romain, une autre performance par les temps qui courent. D’accord, certains faisaient peut-être la fine bouche à la sortie au vu du seul bilan comptable des deux trophées obtenus. Pas davantage oui, mais deux oreilles de poids quand même ! La maîtrise et le courage manifestés une nouvelle fois par Sébastien lui valurent d’ailleurs l’entière reconnaissance des vrais aficionados qui surent le récompenser par une longue ovation finale qui lui sera certainement allée droit au coeur.

Pour les triomphes soulevant les Arènes, il fallut attendre le lendemain dimanche mais nous allions vivre en ce 18 septembre 2016 des moments très forts. Nous allons donc tenter de revoir ce film qui restera longtemps gravé dans nos mémoires :
Le matin, midi moins le quart, Thomas Joubert vient de recevoir sa confirmation d’alternative des mains de Juan Bautista avec José-María Manzanares fils et 9.000 spectateurs pour témoins. Il débute sa faena de muleta par quelques passes risquées alors que le toro (de Cortés, l’autre fer de Victoriano del Río) le serre dangereusement. Et la malchance s’en mêle lorsque la queue de son puissant adversaire qui se retourne avec la rapidité de l’éclair vient enserrer les jambes de Thomas comme s’il s’agissait d’un véritable lasso. Pris au piège le frêle torero, déséquilibré, tente de se relever mais déjà le fauve est sur lui pour le renvoyer à terre et lui balancer un coup de sabot en plein visage. Malgré les trente courageux accourus à son secours, rien ne peut détourner l’animal de sa proie. Laquelle, complètement k.o, corne fichée dans sa taleguilla au niveau du mollet droit, subit une voltereta d’une violence inouïe dont il retombe lourdement, inconscient, poupée de chiffon, poupée brisée peut-être?
Mais non ! Alors qu’on l’emporte totalement inerte à l’infirmerie, les minutes qui suivent paraissent interminables à tous ceux qui l’aiment, l’apprécient et viennent de voir l’accident.
Heureusement, des nouvelles plus rassurantes ne vont pas tarder à se propager en contre-piste et dans les tendidos : plus de peur (surtout pour ceux qui se souviennent de la terrible blessure du jour de l’alternative, à Arles en 2011) que de mal semble- t’il, Thomas s’en tirerait avec une mâchoire endommagée. Ouf !
Miracle sans aucun doute, une demi-heure plus tard une clameur monte des gradins : le revoilà dans le callejón, toujours en habit de lumières, muni d’une poche de glace sur la mâchoire, écoutant attentivement son conseiller Christian Montcouquiol. Lequel a certainement revu d’autres terribles images, déjà anciennes mais jamais oubliées, défiler sous ses yeux…
Mais, moral remonté, douleur presque oubliée et un quite risqué devant le cinquième toro, (celui de l’apothéose de Juan Bautista), rien de mieux pour que Thomas se refasse une santé en attendant son second adversaire. Lequel ne sera pas non plus un cadeau. Mais il finira, après un opportun changement de terrain, par se rallier à la muleta d’un Thomas Joubert à la confiance retrouvée qui terminera très fort une faena allant crescendo par de spectaculaires manoletinas avant d’occire son adversaire d’une estocade a recibir concluante. La foule en transes réclame (et obtient) ses deux oreilles ; Nîmes vient de se trouver un nouveau héros !
Lequel aura encore l’élégance de refuser la sortie triomphale qu’il méritait pour laisser place nette à l’indiscutable vainqueur du jour, Juan Bautista lui-même, Juan Bautista bien sûr, Juan Bautista encore et toujours sur son nuage ! En tant que chef de lidia, il lui avait fallu se défaire tout d’abord de l’ennemi de Thomas avant de récolter une oreille de son premier adversaire. Mais on n’avait encore rien vu : magnifique à la cape, facile aux banderilles (que personne ne lui demandait de planter, Nîmes a su apprécier le geste), notre Arlésien de gala va nous offrir devant le cinquième, Soleares (515 kilos de muscles et de noblesse qui seront honorés d’une vuelta posthume) un inoubliable quart d’heure de magie. Totalement relâché, plus inspiré que jamais, il s’emploie à construire avec une précision d’horloger, pièce après pièce, tout en douceur, une véritable faena d’anthologie, peut-être la plus créative de sa carrière, en parfaite harmonie avec les accords d’un Concerto d’Aranjuez magistralement interprété par l’orchestre officiel des arènes de Nîmes et Arles, l’ensemble Chicuelo II. Deux oreilles et la queue d’un vrai toro bravo viendront fort justement récompenser un Juan Bautista dans la plénitude de son art, avec à la clé une onzième Porte des Consuls nîmois, sa deuxième en deux jours, record et série en cours…
Entre-temps un autre artiste, José-María Manzanares, nous avait une nouvelle fois démontré l’étendue de son talent avant qu’une épée moyenne ne vienne le priver d’une seconde oreille.
Mais, avec six pavillons et une queue parfaitement mérités au décompte final, nous ne pouvions guère rêver mieux pour une corrida qui restera certainement dans les annales.à plus d’un titre.
Allez, après ces trois heures d’intenses émotions il était temps de décompresser avec le bien connu « verre à ballon » de l’inoxydable Ricoune avant de nous déchaîner sous les accents cuivrés des Bandas venues de Portet-sur Garonne, de Grenade-sur Adour et d’ailleurs. Mais, c’est vrai, l’incontournable Paella ou la succulente Gardianne nous attendaient depuis un bon moment déjà..

Et la Feria allait se conclure en beauté au soleil couchant avec l’alternative d’un jeune Mexicain fort peu basané, Luis David Adame. Lequel, nouveau miracle, se sortait sans dommage d’une spectaculaire voltereta qui aurait pu, elle aussi, occasionner de sérieux dégâts. Qu’à cela ne tienne, il repartait au combat comme si de rien n’était avant d’obtenir une et une oreille lui permettant d’accompagner son parrain de cérémonie dans une nouvelle sortie en triomphe, par la porte des cuadrillas celle- là. Nous savions que cet Alejandro Talavante-là, plus Alexandre le Grand que jamais, est en train de réaliser la meilleure temporada de sa carrière. Mais là, à Nîmes, alors que López Simón devait se contenter d’une oreille des excellents toros de Nuñez del Cuvillo, il aura totalement subjuqué l’assistance par une aisance souveraine, ses prises de risques calculés, sa maestría de tous les instants.

Oui vraiment, cette Feria des Vendanges laissera à tous les présents d’excellents souvenirs.
Alors, formons déjà des vœux pour que le printemps revienne vite et que les arènes ouvrent à nouveau leurs portes.
Pierre Nabonne.



 
 
 
 
  Cliquer ici pour en savoir plus !
Plan du site - Qui sommes-nous ? - Mentions légales - Contact