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Temporada : Grandeur et Tragédie de la Fiesta. Pierre Nabonne
(20/06/2017)
La Plaza madrilène de Las Ventas avait fermé ses portes au soir du dimanche 11 juin, à la fin du dernier festejo de la San Isidro.
Mais des prolongations très attendues étaient programmées avec la traditionnelle corrida de Beneficencia du vendredi 16 juin, considérée comme la plus prestigieuse de la saison, suivie le lendemain de celle de la Culture, une innovation de Simon Casas et de son équipe.

Sous les yeux du roi Felipe VI et des 24.000 assistants, Julián López El Juli, aussi décidé qu’un junior, coupa la seule oreille de la tarde devant un bon toro de Victoriano del Río pourvu de deux porte-manteaux dressés vers le ciel qui, malgré ses 633 kilos, se révéla assez mobile. Après un quite vibrant par chicuelinas, il l’entreprit par deux belles séries de la droite avant de poursuivre par des naturelles de face de parfaite exécution. Emilio Muñoz lui-même s’enthousiasmait dans son micro alors que Julián en terminait par des changements de mains et un spectaculaire final entre les cornes. L’estocade jusqu’à la garde ne laissait aucune chance au seul toro valable, les cinq autres, manquant de fond, s’éteignant beaucoup trop vite malgré les efforts de Manzanares et de Talavante.
Heureusement, les Nuñez del Cuvillo du lendemain allaient se montrer bien meilleurs dans l’ensemble, à l’exception du lot de Morante. Cayetano (saluts et saluts) s’employa avec conviction à honorer la mémoire de son père Paquirri et il signa deux belles prestations.
Mais celles de Ginès Marín furent encore supérieures. Le triomphateur de la San Isidro était attendu au tournant par ceux qui demandaient confirmation, mais là ils furent totalement convaincus par le jeune talent du lauréat. Dès la réception à la cape de l’excellent 3°, il mit tout le monde d’accord et les Olés ! l’accompagnèrent tout au long d’une faena de grande classe. Tous étaient prêts à sortir leurs mouchoirs pour demander les oreilles, lorsque trois pinchazos vinrent rompre l’enchantement.
Allez, la vuelta al ruedo était vraiment la moindre des choses, et il lui restait encore un toro pour ratifier son triomphe. Mais ce 6° possédait beaucoup moins de ressources que ses prédécesseurs. Tant pis, Ginés s’arrima pour en tirer le maximum. Les Bernadinas finales et un interminable pecho firent se lever l’assistance ; l’épée entra bien mais elle ne s’avéra pas décisive et il fallut plusieurs descabellos pour en terminer avec ce qui aurait pu être une tarde d’apothéose.

Rageant…Nous en étions là de nos réflexions, nous demandant si nous ne venions pas d’assister à l’éclosion d’un nouveau Paco Camino dans la plénitude de sa jeunesse, lorsque des rumeurs alarmantes nous parvinrent d’Aire-sur l’Adour qui célébrait ses fêtes : Ivan Fandiño, ce guerrier rompu à toutes les batailles, 36 ans à peine, s’était fait encorner par le troisième de la tarde, un toro de Baltasar Ibán dénommé Provechito. Il avait déjà coupé une oreille de son premier adversaire lorsqu’il s’avança pour effectuer un quite que personne n’attendait après la pique de celui dévolu à Juán del Alamo. Bien mal lui en prit ; après une première chicuelina, il fit un faux pas et, déséquilibré, se retrouva au sol, à la merci de l’ennemi qui se ruait sur lui. Aussitôt l’irrémédiable se produisit : pris sur le côté, traîné sur une dizaine de mètres le long des talanquères, atteint au thorax, poumon perforé, organes vitaux touchés, le drame était déjà consommé…Alors qu’on le transportait à l’infirmerie, il murmura à Thomas Dufau : « Dis aux chirurgiens de faire vite. Je me sens partir… ».
Hélas, mille fois hélas, le maestro basque avait vu juste, il n’y avait plus rien à faire. « Ciel et soleil trop beaux pour voir mourir un torero ». Et pourtant…Transporté de toute urgence à Mont-de-Marsan, il expira durant le trajet. Horrible fatalité, il était annoncé pour les fêtes de la Madeleine, le 21 juillet prochain, dans une arène où il avait à chaque fois triomphé, comme à Bayonne, à Dax, en Arles lors de la dernière Feria pascale, à Madrid, Bilbao, Pamplona, Séville, Valencia et partout ailleurs en Espagne et en Amérique latine.
Il en était déjà à son quatorzième paseo de la saison, il était encore sorti par la Grande Porte de Inca le dimanche 11 juin dernier. Il était attendu partout avec intérêt et impatience, lui le spécialiste des corridas dites dures, lauréat de l’Oreille d’Or ayant récompensé le meilleur torero des années 2012 et 2013.
Il avait subi de nombreuses cornadas mais il était à chaque fois reparti au combat avec la même énergie, la même envie, le même courage, la même sincérité. La Tauromachie dans son ensemble est en deuil. Après El Pana et Victor Barrio l’an dernier, Ivan Fandiño maintenant, trop, c’est trop injuste !

Où que ce soit, le choc aurait été le même. Mais, sachant qu’aucun matador n’avait été mortellement blessé dans une arène française depuis Isidoro Marí « Flores » en 1921 à Béziers, le sort qui a été réservé à Iván Fandiño, grand Torero devant l’Eternel, marié et père de famille, nous paraît d’une cruauté infinie. Certes, ceux qui pénètrent dans une arène savent qu’ils peuvent y perdre la vie, mais on évite de penser à l’inimaginable. Et pourtant…
Le dernier accident mortel, chez nous, remontait à 1999, lorsqu’un toro de Victorino Martín avait renversé le picador José Antonio Muñoz à Vic-Fezensac. Et nous ne pourrons jamais oublier le terrible accident de notre cher Nimeño, en Arles en fin de saison 1989. Ni celui de Julio Robles reparti de Béziers paralysé à vie, l’année suivante.
Ils sont tous dans nos cœurs, avec Paquirri, Yiyo, José Falcón, Manolete et beaucoup d’autres. Ils font la grandeur de la Fiesta et ils méritent un immense RESPECT.

Pierre Nabonne



 
 
 
 
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