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Temporada : Feria de Béziers 2017 Le bilan : des Toreros, mais peu de toros. Article de Pierre Nabonne |
(21/08/2017) |
Le rendez-vous de la première corrida, impatiemment attendu comme toujours, était programmé pour le samedi 12 août. L’absence de Manzanares, opéré d’une hernie discale aux cervicales, était unanimement regrettée mais le public s’était déplacé en nombre pour découvrir Léa Vicens et voir à l’œuvre Sébastien Castella face à quatre toros. La jeune cavalière nîmoise s’est montrée particulièrement convaincante. Concluant parfaitement son excellente première faena, elle dut pourtant se contenter d’une vuelta, le public étant resté inexplicablement assez froid. Sortant enfin de sa léthargie, il s’enthousiasma devant les galopades de côté de son cheval Bético, son second Bohorquez collé au flanc de sa monture. La pose des banderilles al quiebro et même al violín mettait cette fois le public debout, et l’oreille largement méritée était triomphalement fêtée. Pour sa part, Sébastien Castella ajoutait trois oreilles à son palmarès. Volontaire, dominateur, impressionnant de maîtrise, il a tout fait pour tenter de masquer le manque de transmission des Nuñez del Cuvillo, bien trop fades pour un tel Maestro.
Heureusement, les García Jimenez du lendemain, sans se montrer exceptionnels malgré la vuelta posthume accordée au sixième, se révélèrent meilleurs. Et ils permirent l’énorme triomphe d’Andrès Roca Rey, une et deux oreilles. Si certains attendaient le jeune Péruvien dans la recherche d’émotions qui lui assurent parfois certains succès relativement faciles, cette fois il convainquit l’ensemble du conclave, par son engagement de tous les instants bien sûr, mais aussi par la pureté, la profondeur de ses séries des deux mains assorties d’estocades foudroyantes. Le trophée accordé à Talavante parut, par comparaison, un peu pâle car nous le savons capable de mieux Mais que dire alors d’Enrique Ponce au sommet de son art après 27 ans d’alternative ? Il fut capable d’améliorer la charge de son premier toro comme lui seul sait le faire pour nous sortir une faena totalement inespérée au départ. Laquelle laissa pourtant froid la plus grande partie du public biterrois…La seconde fut du même niveau mais, hélas, le descabello fut laborieux. Dommage, mais un Maestro qui est encore sorti par la Grande Porte de Madrid et qui vient de remporter un triomphe d’anthologie à Malaga n’en est plus à une oreille près : cela fait bien longtemps qu’il est rentré dans l’histoire de la Tauromachie.
Le lundi, tout un chacun se réjouissait de retrouver enfin à Béziers, 25 ans après, des toros de Victorino Martín. Hélas, cent fois hélas, la ganadería-phare des deux dernières saisons n’a pas été à la hauteur de nos espérances, malgré la belle présentation de son bétail. Manuel Escribano aurait sans doute mérité une oreille s’il avait mieux tué. Nous retiendrons surtout le geste de brinder son toro à Tomas Cerqueira qui a failli perdre la vie à Mauguio le 2 juillet dernier. Mehdi Savalli s’est montré plus que valeureux devant deux opposants qui n’en méritaient peut-être pas tant. Finalement, seul le cinquième, à la charge longue et répétitive, fit honneur à sa devise. David Mora délivra quelques belles séries, mais il ne parvint pas à le dominer suffisamment. Et l’estocade fut, logiquement, plus que laborieuse. Décidément, les hommes proposent mais les toros disposent…Quand on a vu, cinq jours plus tard en Espagne grâce à Internet, six Victorino se livrant magnifiquement, comprenne qui pourra.
Allez, il restait encore la clôture du mardi 15 août. Le matin, les novillos de Robert Margé, très exigeants, mirent à l’épreuve Jésus Enrique Colombe (vuelta), Adrien Salenc (une oreille) et le jeune Biterrois Carlos Olsina qui, pour ses débuts avec picadors, s’en sortit très bien et coupa une oreille méritoire. Nous attendions tous les Miura de l’après-midi, six mastodontes de 643, 658, 648, 580, 596 et 660 kilos. Sans doute étaient-ils trop lourds puisque leur faiblesse de pattes obligea au remplacement des deuxième et troisième. Et l’objectivité nous oblige même à signaler que le quatrième aurait dû subir le même sort. Quand on sait que les arènes de Béziers ont été les seules à présenter dans la même Feria les deux élevages les plus emblématiques d’Espagne, on peut imaginer la déception des organisateurs et du public torista…Rafaelillo justifia pourtant parfaitement sa connaissance de ce bétail en obtenant un trophée, et Juan Bautista, parfaitement maître de lui et de sa technique, en fit de même devant son premier Miura. Oh miracle, dans la valse des sobreros qui suivirent, sortit d’on ne sait où un dernier José Cruz qui manifesta d’entrée un allant de bon aloi. Avec le soutien inconditionnel du public prenant fait et cause pour notre Arlésien, Juan Bautista nous sortit, debout comme à genoux, une formidable faena. Mais, lui qui est passé maître dans l’art du recibir, il fut cette fois moins en réussite et dut se contenter d’une seule oreille pas cher payée après une telle démonstration. Tant pis, pour un peu on en aurait oublié tout le reste et les Bandas, au centre de l’arène, pouvaient s’en donner à cœur joie.
Pierre Nabonne.
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