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Temporada : Une Feria de Bilbao intéressante - Pierre Nabonne
(29/08/2017)
La principale Feria aoûtienne débuta sous les meilleurs auspices avec une excellente corrida de rejones, le samedi 19. Pablo Hermoso de Mendoza coupa deux oreilles méritées, Andy Cartagena toujours aussi spectaculaire deux autres, et Léa Vicens une.
Mais le ton monta encore de plusieurs gammes le lendemain avec les remarquables toros de Torrestrella d’Alvaro Domecq. Très encasté, répétant ses charges avec un entrain qui ne se démentira jamais, le second dévolu à Antonio Ferrera sera d’ailleurs reconnu comme le meilleur de la Feria. Mais Antonio possède les ressources techniques nécessaires pour livrer bataille à de tels adversaires et il sortit victorieux de deux duels acharnés, tout en arrachant les suffrages de ceux qui l’avaient sifflé lorsqu’il voulut planter les banderilles aux couleurs de la mère-patrie : on est au Pays Basque, chez ce peuple aussi particulier qu’attachant. En tout cas, l’oreille de poids obtenue mit tout le monde d’accord.
Celle de Curro Díaz le lendemain parut, par comparaison, un peu généreuse à certains, alors que les deux (une et une devant les Jandilla) d’Andrès Roca Rey le 22, très convaincant pour sa présentation à Bilbao, ne souffrirent d’aucune objection.

Par contre, le président s’attira les foudres d’une bonne partie du conclave le lendemain en refusant, on ne sait pourquoi, la seconde oreille d’un excellent Victorino Martín à Manuel Escribano, auteur d’une faena remarquablement templée et de la meilleure estocade de la Feria. Diego Urdiales (qui obtiendra un autre trophée le 26) et Paco Ureña récoltèrent aussi un pavillon d’un lot remarquable, à l’exception du sixième qui dut être remplacé par un sobrero qui gâcha un peu la fin de la fête.
Mais l’apothéose allait se produire le vendredi 25, Enrique Ponce ouvrant la Grande Porte des arènes de Vista Alegre pour la sixième fois de sa carrière après une faena d’anthologie face à son second Victoriano del Río. Maestría, technique, domination, créativité, tout y était. Alors que nous, pauvres mortels, sentons parfois le poids du temps qui passe, où ce torero va-t-il chercher de telles ressources après 28 ans d’alternative ? Nous avions eu la chance d’y être, et la région valencienne ne jurait déjà que par le jeune prodige qui a réussi à faire connaître Chiva à l’ensemble de la planète taurine. Quand nous ajouterons que le Maestro vient d’indulter, dans la même semaine, son 48° toro, nous aurons presque tout dit…pour l’instant.

Mais la jeune génération ne pousse pas au portillon pour s’en laisser compter. Et Ginés Marín clôturait la tarde en beauté en coupant son oreille. Tout comme Roca Rey le lendemain, à l’issue d’une prestation de très belle facture, allurée et engagée en même temps.
Et Román Collado (né à Valencia de père espagnol et de mère bretonne) obtint une récompense identique pour la clôture dominicale, devant des Miura une nouvelle fois assez fades. Juan Leal avait très soigneusement préparé son rendez-vous avec la mythique ganadería, demandant conseils à Dámaso González qui l’avait reçu à bras ouverts dans sa finca d’Albacete, peu de temps avant son décès à 69 ans. Il faut croire qu’ils étaient efficaces puisque notre jeune Arlésien aurait mérité lui aussi sa récompense après s’être véritablement joué la vie dans deux faenas d’engagement extrême. Mais, alors qu’il avait conquis l’ensemble du public, le président resta de marbre devant tous les mouchoirs qui s’agitaient en vain. Dommage, mais les vueltas après la mort de ses deux adversaires furent acclamées comme elles se devaient et le public ne demande qu’à le revoir.

Pendant ce temps, à Carcassonne, les novillos de Miura se révélaient très nobles, il est juste de le reconnaître après les déceptions que nous ont récemment infligées les porteurs de cette devise. Mais nous signalerons aussi que l’irruption en piste de deux anti-corridas se serait soldée par un drame majeur sans l’opportune intervention des peones réussissant à éloigner rapidement les cornes assassines.
Si au moins cet épisode pouvait faire comprendre à certains les dangers de la profession, il n’aurait pas été inutile….

Pierre Nabonne.












 
 
 
 
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