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Temporada : Séville, lundi 16 avril 2018 : un début de semaine en fanfare ! Commentaire de Pierre Nabonne |
(18/04/2018) |
La Feria avait débuté le dimanche 8 sur un joli succès de Pepe Moral crédité d’une oreille, tout de même terni par la blessure du vaillant Franco-Valencien Román, malchanceux pour sa présentation à la Real Maestranza. Il avait toutefois fallu attendre le mercredi 11 pour entrer dans le vif du sujet avec la prestation d’ un autre jeune à suivre, Pablo Aguado, en pleine confiance après son triomphe madrilène. S’il avait coupé trois oreilles à Las Ventas avec l’assentiment général, il dut se contenter d’une seule à Séville, un nouveau trophée de poids puisque son aisance et le raffinement de son style enchantèrent le conclave andalou. Le lendemain le méritant Colombien Luis Bolivar toucha à son tour la même récompense devant le meilleur toro du lot de La Palmosilla. Le vendredi 13 ne fut pas le jour de chance des présents, spectateurs et acteurs, parmi lesquels seul Talavante parvint à tirer son épingle de l’insipide jeu offert par des cornus plus novillos que toros. Bien évidemment, ceux de Victorino Martin étaient très impatiemment attendus pour relever le niveau du bétail. Effectivement, leur magnifique présentation leur valut des applaudissements remplis d’espoirs. Lesquels s’effilochèrent trop vite au fil des faenas durant lesquelles ils s’éteignirent rapidement malgré les efforts d’Antonio Ferrera, de Daniel Luque et du très combatif Manuel Escribano, justement récompensé par une vuelta chaleureuse. Traversant deux fois la piste pour accueillir ses adversaires à genoux devant la porte du toril, s’en sortant (pour la seconde) au prix d’un plongeon qu’aucun gardien de but n’aurait renié, plus que téméraire dans une pose de banderilles au fil des tablas, volontaire et solide à la muleta, efficace à l’épée, il sera attendu avec grand intérêt pour la clôture du 22 avril devant les Miura.
Nous en sommes encore loin et la corrida équestre dominicale allait, devant des toros de Bohórquez pleins d’alegría, ravir ses partisans. Sergio Galán, sobre et efficace, et la belle nîmoise Léa Vicens (après son triomphe à Valencia qui lui valut d’être la première rejoneadora à y sortir par la grande Porte) égale à elle-même dans sa veste noire, juste hommage à son inoubliable mentor Angel Peralta, coupèrent leur oreille, ce qui n’est pas rien à Séville. Le local Andrès Romero fit encore mieux, une et une, mais sur les rives du Guadalquivir il en faut trois pour ouvrir la Porte du Prince. Depuis l’indulto de « Cobradiezmos » de Victorino par Escribano en 2016, la Maestranza n’avait plus connu pareil évènement.
Mais tout allait changer en ce superbe lundi 16 avril. A 18H30, Enrique Ponce, Julián López « El Juli » et Alejandro Talavante s’alignaient au paseo pour en découdre avec les toros de Garcigrande-Domingo Hernández. Déception, il n’y avait pas grand-chose à tirer du premier, et le second n’avait rien de particulièrement impressionnant à son entrée en piste. Après qu’il eût pris les deux petites piques de rigueur, El Juli s’attelait pourtant à la tâche avec conviction. Déséquilibré par la patte arrière droite dès sa première passe, il improvisait aussitôt une superbe série à genoux avant de poursuivre par une faena aussi dominatrice que technique qu’il concluait par une estocade efficace qui lui valait deux oreilles. Mais on n’avait encore rien vu ! Alors que Talavante ne trouvait guère matière à s’exprimer, Enrique Ponce, (absolument sidérant un mois auparavant chez lui à Valencia), administrait une nouvelle leçon de tauromachie devant son second adversaire et s’en voyait récompensé par un trophée. Sortit alors « Orgullito », 528 kilos de muscles et de bravoure, une aubaine pour un Juli éclatant de maîtrise s’en donnant à cœur joie dans d’interminables séquences la muleta balayant le sable comme à plaisir. L’assistance sous le charme commençait à sortir ses mouchoirs en demandant unanimement l’indulto, finalement accordé par la Présidence. Et «Orgullito», condamné à une mort quasi certaine à son entrée en piste, en sortait sous une énorme ovation avec la vie sauve, une grâce saluée par un public aux anges et un Juli crédité de deux oreilles symboliques lui offrant une sortie d’apothéose, sa cinquième par la Porte du Prince sévillane, série en cours.
Ah, que la Tauromachie peut être belle quand elle permet de vivre de tels moments ! Pierre Nabonne
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