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Temporada : Séville, ombres et lumières sur la fin (P. Nabonne) |
(29/04/2018) |
Nous en étions restés au triomphe du Juli et à l’indulto de «Orgullito» qui n’a pas fini d’allumer les polémiques. Effectivement, le tercio de piques avait été (comme la plupart des fois à la Real Maestranza) réduit à sa plus simple expression, mais ensuite quelle noblesse de ce magnifique toro de Garcigrande dans ses charges se répétant jusqu’à satiété !
Alors évidemment, la suite allait souvent souffrir de la comparaison avec un interminable défilé de toros manquant de race et de forces. José Garrido et José María Manzanares surent tout de même arracher une petite oreille de leurs insipides opposants, de El Pilar pour le premier, de Juan Pedro Domecq pour le second. L’Alicantin passa toutefois tout près d’un énorme triomphe le 17 avril. Toujours très élégant, il dessina des séries parfaitement cadencées devant un Cuvillo n’hésitant pas à s’employer dans sa muleta. L’estocade a recibir s’avérant de parfaite exécution, les deux oreilles étaient totalement méritées. On commençait donc à rêver d’une nouvelle porte du Prince, après celle de 2012, pour José María qui, contrairement à ses habitudes, accueillit son second opposant à genoux près des planches avec la cape. Hélas, son opposant ne permit pas de poursuivre sur le même rythme et c’est Talavante qui déclencha les émotions les plus fortes dans une estocade à faire frémir qui lui valut une oreille. Le jeudi on retrouvait El Juli tout auréolé de son triomphe du lundi. Toujours aussi maître de lui, parfaitement dominateur, il fit tout pour arracher un nouveau succès. Certes, l’estocade n’était pas parfaite mais son efficacité fit fleurir les mouchoirs blancs dans les gradins. Tous, sauf celui d’une Présidence inflexible. Tant pis, la vuelta ressemblait fort à un véritable plébiscite pour Julián en plénitude dans sa 20°année d’alternative. Enrique Ponce et Andrès Roca Rey se heurtèrent à la mauvaise volonté des Jandilla et tous sortirent déçus à l’issue d’une tarde qui promettait beaucoup plus. La veille de la clôture, les Fuente Ymbro vinrent heureusement relever quelque peu le niveau du bétail. Ils permirent en tout cas à Juan José Padilla de s’employer comme à son habitude, de l’accueil à genoux face à la porte des chiqueros jusqu’à l’estocade entière en passant par la pose des banderilles précédant une faena souvent vibrante. Laquelle laissa pourtant froide la Présidence, qui trouva par contre matière à sortir un mouchoir pour accorder un trophée à un David Fandila «El Fandi» dont l’énergie nous rappelle celle qu’employait l’une de nos premières idoles des années 70, Antonio José Galán. C’est loin, mais certains se souviendront peut-être encore de son final en fanfare sous l’orage de Pamplona le 14 juillet 1973, dans un ruedo transformé en piscine où il n’hésita pas à se défaire de ses chaussures et de sa muleta pour, dans le plus beau de ses sourires, s’engager à corps perdu dans une estocade d’anthologie qui lui valut oreilles, queue et Gloire. C’était devant un Miura, un féroce Miura assez éloigné de la plupart de ses successeurs, même si ceux du final sévillan nous ont en partie réconcilié avec cette mythique devise. Manuel Escribano put en tout cas démontrer une nouvelle tous ses talents de capeador et de banderillero à hauts risques, et Pepe Moral un classicisme de bon aloi dont est toujours friande l’assistance de la Real Maestranza qui parvint à lui faire obtenir une et une oreille.
Allez, à Séville c’est fini pour cette fois mais la saison ne fait que commencer ! Pierre Nabonne
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