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Temporada : Une semaine à Madrid : Sébastien et Léa au sommet. (Compte-rendu de Pierre Nabonne) |
(04/06/2018) |
Un week-end s’achève, la Feria de Madrid s’apprête à entrer dans sa dernière ligne droite. Ce dimanche, les vaillants Rafaelillo, Pepe Moral et Román n’ont eu que peu de possibilités de s’illustrer devant des Miura retors et dangereux. Mais on n’en attend généralement pas moins des pensionnaires de Zahariche… Nous resterons donc surtout sur les émotions et les souvenirs de plusieurs magnifiques prestations de nos représentants durant la semaine écoulée.
Le mercredi 30 mai, Sébastien Castella entrait à nouveau en piste, cette fois devant des Garcigrande bien charpentés et peu commodes. Enrique Ponce se bagarra comme un jeune novillero, lui qui n’a plus rien à prouver, et Sébastien réussit à dominer son premier adversaire avant de se montrer plus laborieux avec les aciers. Le meilleur était à venir… Tout s’engagea pourtant bien mal devant le cinquième qui le percuta violemment dès les premières passes de cape. Repris au sol, soulevé et secoué comme un pauvre pantin désarticulé, il en sortit groggy avant de reprendre miraculeusement ses esprits près de la barrière pendant que Ponce amenait le toro au picador. Et Sébastien boitant bas, le pied gauche étroitement strappé, repartit courageusement au combat, faisant lever l’assistance en s’agenouillant aussitôt pour sept spectaculaires passes à panache suivies d’un pecho interminable et de plusieurs grandes séries mains basses sans céder un pouce de terrain. Il en termina par un final entre les cornes qui porta sur le public lorsque son adversaire raccourcit ses charges, avant de le cadrer pour une estocade de kamikaze à couper le souffle, le sien et le nôtre. Cette fois l’épée entra parfaitement, le toro tomba rapidement et l’assistance unanime demanda avec force les deux oreilles que le président se fit un plaisir d’accorder : Sébastien Castella avait totalement mérité sa cinquième sortie par la Puerta Grande de Las Ventas, la plus prestigieuse de toutes !
Mais il ne restait que 48 heures pour remettre le héros du jour en état pour le vendredi, ce qui semblait relever de la gageure avec une douzaine de points de suture au talon, une entorse de la cheville, de multiples hématomes et contusions qui auraient empêché le commun des mortels de poser le pied par terre. Mais pas Sébastien qui, au prix d’un effort considérable, s’aligna au paseo aux côtés de Manzanares et de Cayetano. Hélas, les toros de Victoriano del Rio manquaient d’un peu de tout, forces, engagement, pouvoir de transmission, et malgré tous ses efforts il dut se contenter cette fois d’une longue ovation à l’issue de sa seconde prestation. Son début de faena avait une nouvelle fois fait rugir Las Ventas mais le toro s’éteignit beaucoup trop vite. Et seul le fils du regretté Paquirri, affichant un style empreint d’une réelle personnalité, parvint à couper une oreille assez contestée par les habituels irréductibles, mais c’est bien Sébastien qui, en trois prestations, avait marqué la Feria de son empreinte.
Entre-temps Juan Bautista avait participé à la corrida dite des nations, six toreros représentants l’Espagne, la France, la Colombie, le Pérou, le Mexique et le Venezuela affrontant autant de toros d’El Pilar. L’Arlésien eut la malchance, aux dires mêmes du ganadero Moïses Fraile, de tomber sur le pire mais il s’en sortit avec aisance et maîtrise. Finalement, seuls Luis David Adame et Jésus Enrique Colombo purent faire mieux, une vuelta chacun devant les deux derniers plus maniables.
La corrida équestre du samedi 2 juin était elle aussi très attendue mais la pluie qui avait déjà empêché Thomas Dufau et ses compagnons de cartel de se produire en début de semaine fit à nouveau acte de présence. Et, malgré un état du ruedo plus que limite, les trois rejoneadores livrèrent des prestations de haut niveau qui leur permirent de couper une oreille chacun. Pablo Hermoso de Mendoza fit étalage d’une parfaite maîtrise de ses montures dans ses fameuses « hermosinas », le toro scotché à la croupe du cheval changeant de direction au tout dernier moment. Sergio Galán s’illustra dans de magnifiques poses de banderilles à deux mains et Léa Vicens réussit une démonstration de classe qui séduisit un public conquis par plusieurs quiebros millimétrés et par un allant de tous les instants.
Oui vraiment, nos représentants se seront distingués dans le temple de la Tauromachie !
Pierre Nabonne.
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