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Temporada : Atteindre les sommets…et s’en aller. Pierre Nabonne
(20/10/2018)
Juan-José Padilla avait pris sa décision de longue date : effectuer une ultime saison et la terminer à Saragosse. Un dernier challenge qu’il a relevé à la perfection dimanche dernier, 14 octobre 2018. Cette dernière Grande Porte que la présidence lui avait refusé du haut de sa loge à Béziers le 12 août en restant sourde à la ferveur populaire venue saluer sa toute dernière corrida en France, celle de Zaragoza (tout aussi rigoriste pourtant) la lui a accordé au soir de ce dimanche d’automne pour la corrida qui met un point final à sa carrière en Espagne. Seuls restent encore quelques contrats à honorer en Amérique latine et le « Cyclone de Jerez », devenu « Pirate » après avoir perdu l’œil gauche ici même à Saragosse sept ans plus tôt, pourra définitivement ranger ses habits de lumières porteurs de tant de drames et de triomphes : « La souffrance et la gloire vont de pair », avait-il dit avant son dernier paseo de l‘autre côté des Pyrénées. Le Maestro sait de quoi il parle, lui dont la vie n’a parfois tenu qu’à un fil, lui qui est marqué à jamais par 40 profondes cicatrices témoignant de 40 cornadas souvent gravissimes …

Un autre vaillant, Alberto Aguilar, se retire lui aussi. Et dans la foulée Alejandro Talavante annonce son retrait « pour une période indéterminée ». On le trouvait bien changé physiquement ces derniers temps, mais il aurait quand même pu, par respect pour les adieux de Padilla, attendre un tout petit peu pour alerter les réseaux sociaux. Décidément, les temps changent…

Juan Bautista, notre Jean-Baptiste Jalabert, les avait précédé à tous en annonçant sa retirada en pleine Feria du Riz arlésienne. L’annonce de sa conférence de presse avait retenti comme un coup de tonnerre, mais il a pris une décision mûrement réfléchie : « La mort de mon père a radicalement changé ma vie. J’honorerai mes derniers contrats de cette fin de saison mais j’ai décidé de mettre fin à ma carrière de torero. C’est certainement à mon sens le meilleur moment pour m’éloigner de ce qui a été ma passion. J’effectuerai mes adieux officiels pour la corrida goyesque de ma ville d’Arles l’an prochain. Ce sera la seule pour 2019 et elle célébrera mes 20 ans d’alternative ».

Et, alors que beaucoup se seraient laissés submerger par une émotion plus que palpable, il s’alignait au paseo l’après-midi de cette journée si particulière aux côtés de José-María Manzanares et de Sébastien Castella. Et, près de trois heures plus tard, les deux Français sortaient en triomphe des arènes d’Arles ! Mais il n’était pas encore temps de baisser le rideau sur la temporada 2018 : les mêmes scènes de liesse allaient se reproduire huit jours plus tard à Nîmes à l’occasion de l’avant-dernière corrida de la Feria des Vendanges.

Ce 16 septembre au matin, alors que certains ont encore les yeux humides en repensant à la magie d’Enrique Ponce graciant un toro la veille, le paseo s’immobilise sous un soleil de plomb. L’orchestre Chicuelo II, mené de baguette de maître par Rudy Nazy, entame une vibrante Marseillaise reprise à pleins poumons par les 10.000 spectateurs présents. Impressionnant ! Ce grand moment saluant un cartel exclusivement tricolore (à l’exception toutefois des toros de Nuñez del Cuvillo) sera suivi de beaucoup d’autres puisque, à la suite de Léa Vicens qui tirera elle aussi son épingle du jeu, Juan Bautista et Sébastien Castella feront une telle moisson de trophées qu’elle leur vaudra une sortie d’apothéose par la Porte des Consuls. Allez, séchons les mouchoirs, il faudra nous résoudre à ne plus voir l’Arlésien en habit de lumières dans le Colisée nîmois et ailleurs. Mais dans tous les cas, devoir accompli, défi relevé, il n’aura pas manqué sa sortie pour sa dernière prestation chez nous.

Ironie d’une carrière longue de 25 ans de pratique, il subira son baptême du sang deux jours plus tard à Logroño devant un Victorino, cet élevage devenu mythique qui venait de sublimer l’après-midi de la dernière corrida du cycle nîmois, faisant suer sang et eaux aux très méritants Octavio Chacón, Emilio de Justo et à l’héroïque Pepe Moral qui avait fini sa tarde à l’hôpital.

A Logroño, Juan Bautista recevait donc une cornada de 13 centimètres d’extension dans la cuisse droite. Il en terminait néanmoins d’une bonne estocade avant de se diriger par ses propres moyens vers l’infirmerie. Et, comme les toreros sont des êtres hors du commun, il s’imposait magistralement à deux Torrestrella le dimanche suivant près de Madrid, à Las Rozas, pour y recevoir leurs quatre oreilles. Il ne lui restait plus qu’à mettre le point final à Zaragoza le samedi 6 octobre dernier. De nombreux aficionados français avaient effectué le déplacement, les caméras de télévision étaient là elles aussi mais les fades taureaux de Montalvo que le sorteo lui avaient dévolu allaient s’employer à gâcher son après-midi. Après une ultime belle estocade notre Arlésien devait se contenter d’un salut sous l’ovation très chaleureuse d’une arène unanime. Il espérait sûrement beaucoup plus de son dernier paseo en Espagne mais, c’est bien connu, les toreros proposent…et les toros décomposent souvent.

N’empêche…Juan Bautista peut se retourner sur sa carrière, il peut en être fier. A l’âge de 17 ans il s’attirait déjà tous les éloges en graciant un novillo sous l’éphémère bulle recouvrant alors les arènes de Nîmes avant de sortir en triomphe de celles de Madrid, 22 ans après Nimeño. Le 11 septembre 1999 dans sa bonne ville d’Arles, Espartaco lui cédait muleta et épée pour une alternative à succès puisque le jeune homme qu’il était alors coupait à un Zalduendo sa première oreille en tant que matador de toros. Il écrivait là les premières lignes d’un palmarès qui allait considérablement s’étoffer au fil des saisons : deux autres sorties par la Puerta Grande de Las Ventas en 2007 et 2010, 24 grandes portes en Arles, 15 sorties a hombros par la Porte des Consuls à Nîmes, 19 toros graciés, ça classe un torero ! La saison 2017 reste encore dans toutes les mémoires. L’Arlésien signait des triomphes majeurs à Arles, Nîmes, Mont-de-Marsan où il aura fallu attendre 45 ans pour qu’une Présidence accorde une nouvelle queue, Dax, Béziers où il a dessiné la meilleure faena de la Feria pour le 120 ° anniversaire des arènes héraultaises, Bayonne, etc. En Espagne aussi, il s’est montré absolument remarquable devant de difficiles toros de Adolfo Martín lors de la Feria de la St Jean d’Alicante avant d’être reconnu comme lauréat des Ferias de Colmenar Viejo puis de Logroño devant de magnifiques toros de Victorino Martín. Il se classait finalement 10° de l’escalafón avec, sur un total de 36 festejos, 57 oreilles et 2 rabos.

Et les chiffres qui viennent de tomber en cette fin de saison 2018 confirment en grande partie la tendance : un peu moins de corridas, 28 (pour un total approchant les 700 sur l’ensemble de sa carrière) mais 16 dans des arènes de 1° catégorie. Et, sur les 43 oreilles obtenues (plus deux queues), 23 dans ces mêmes arènes considérées comme les plus importantes d’Espagne et de France. En outre, contrairement à beaucoup d’autres, il n’a jamais refusé aucun encaste et il a été capable de s’imposer devant les élevages les plus difficiles. Sa technique, son style épuré dans un relâchement qu’on ne lui connaissait guère auparavant, la variété et la saveur de ses inspirations, sa maîtrise dans le maniement de l’épée auront certainement convaincu les plus difficiles.

Heureusement, d’autres arrivent, déjà prêts à prendre le relais. Ils s’apprêtent eux aussi, n’en doutons pas, à nous faire vibrer. Et puis Sébastien Castella sera toujours là, aux toutes premières loges comme à l’habitude. N’empêche que nous regretterons Juan Bautista. Il part dans sa plénitude, à 37 ans à peine, après avoir honoré sa profession durant plus de deux décennies. Il ne nous reste qu’à souhaiter à Jean Baptiste Jalabert, à Juan José Padilla ainsi qu’à ceux qui arrêtent également, une totale réussite dans leur nouvelle vie.
Pierre Nabonne pour Corrida.tv













 
 
 
 
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