| |
 |
| Temporada : Troisième semaine à Madrid : de bonnes choses et une consécration ! (Compte-rendu de Pierre Nabonne) |
| (04/06/2019) |
Le mardi 28 mai vit le début du triptyque consacré à l’encaste Albaserrada, avec les toujours redoutés toros de José Escolar. Le vent venant faire office de troisième corne, la vuelta de Fernando Robleño n’en fut que plus méritoire, alors que Gómez del Pilar et Angel Sánchez se sortirent honorablement de leurs confrontations respectives.
La tarde du lendemain permit l’entrée en piste des redoutables et souvent imprévisibles Victorino Martín. Cette fois Octavio Chacón nous laissa un peu dubitatif mais le travail de Daniel Luque aurait peut-être mérité un peu plus d’écho sur les tendidos. Et c’est Emilio de Justo qui rafla la mise, une oreille face au sixième après un excellent début à la cape, un bon second tercio des banderilleros Morenito de Arles et de son collègue et une faena toute en maîtrise débutée valeureusement à gauche et conclue efficacement à l’épée.
Ce jeudi 30 la confrontation des excellents toros de l’autre Martín, Adolfo cette fois, et de Manuel Escribano, Román et Roca Rey était l’une des plus attendues de la Feria. Manuel Escribano, toujours aussi volontaire et spectaculaire à la cape comme aux banderilles, était en train de réaliser une très bonne seconde faena lorsqu’il reçut une effrayante cornada de 25 centimètres avec de sérieux dégâts musculaires dans la cuisse gauche. Heureusement les chirurgiens des arènes réussirent à stopper l’hémorragie et à stabiliser son état mais le fait de le voir aujourd’hui lundi en photo faisant ses premiers pas avec des béquilles dans les couloirs de la clinique relève du pur miracle.
Le Franco-Valencien Román Collado, bien que secoué par son premier, repartit au combat pour une faena très vibrante qui lui valut fort justement une belle oreille. Mais beaucoup attendaient au tournant Andrès Roca Rey, l’étoile montante devant un fer réputé comme l’un des plus difficiles. Et le jeune Péruvien, avec la même aisance que s’il avait toujours torée des Victorino, des Miura ou des Adolfo Martín, mit une nouvelle fois les gradins en ébullition. Seule l’estocade au second envoi le priva de trophée mais qu’importe : il avait su passer son examen haut la main et faire taire en même temps ses rares détracteurs.
Les toros d’Alcurrucen parurent plus fades pour clôturer le mois de mai. Le premier infligea pourtant un beau soleil à David Mora au moment de la verdad. Sachant qu’il avait failli perdre la vie ici même à Las Ventas voici cinq ans, nous eûmes encore très peur mais cette fois il se releva sans dommages apparents. Ouf… Et un autre revenant, Paco Ureña, s’en sortit encore mieux en couper une oreille de poids après une faena de bon aloi.
Et le mois de juin démarra en fanfare avec un enthousiasmant Antonio Ferrera devant de remarquables toros de Zalduendo. Curro Diaz avec des détails très recherchés, Luis David Adame avec une intrépidité qui lui vaut un petit séjour en clinique, firent de leur mieux. Mais impossible de décrire les faenas d’Antonio mêlant improvisations délicieuses, géniales inspirations, maîtrise consommée, sentiment de plénitude totale, le corps abandonné dans deux faenas d’anthologie. Achevées de deux incroyables estocades a recibir, la première après avoir cité le toro de près de quinze mètres, la seconde couchant irrémédiablement le brave animal dans le sable madrilène. Ah ils ont bonne mine, ceux qui affublaient Antonio Ferrera du qualificatif d’« Antonio Ferrari » en trouvant qu’il toréait auparavant avec trop de brusquerie et de rapidité.
Une puis deux oreilles qui auraient dû plutôt être deux puis une, le compte était bon pour une sortie triomphale aux cris de « Torero, torero » jusque tard dans la nuit tombante.
Leonardo Hernández connut lui aussi les honneurs de la grande Porte à l’issue de la corrida équestre dominicale, mais il aurait dû être accompagné par Diego Ventura (une seule oreille) si l’actuel numéro Un de la spécialité avait connu un peu plus de réussite au moment décisif après deux prestations époustouflantes.
Allez, il reste encore deux semaines et on attend, impatiemment et entre autres, Antonio Ferrera programmé à nouveau ces jeudi et vendredi. Suerte para todos !
|
|
|
|
|
|
