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Temporada : Retour sur une Feria : Bilbao n’est plus ce qu’elle était. (Compte-rendu de Pierre Nabonne) |
(02/09/2019) |
Nous avons encore en mémoire les phrases écrites par Conchita Cintrón, la reine de nos arènes jusqu’à sa despedida en 1950 : « Bilbao, la feria des parapluies, de la rigueur et du toro imposant ». Il y a sans doute des traditions qui se perdent car, hormis la climatologie très incertaine durant les premiers jours de l’édition 2019 (du 18 au 25 août dernier), nous n’avons pas exactement vu ce que nous espérions de ces soi-disant fameuses corridas générales. Des toros bien présentés, certes, mais ne supportant guère plus d’une pique sérieuse et une seconde purement symbolique. Des assistances très, beaucoup trop, claisemées à deux exceptions près. Et un président inamovible depuis 25 ans, mais tellement réticent à sortir les mouchoirs… Lequel refusa au jeune Mexicain Luís David Adame une Grande Porte que son enthousiasme, sa variété, ses bonnes manières et ses estocades méritaient certainement. Une apothéose qu’aurait pu connaître également Juan Leal devant les Fuente Ymbro, une et une oreille avec une très forte demande de la seconde. Notre représentant, souvent enthousiasmant, a amplement démontré l’étendue de son registre en mettant en évidence des progrès qui s’affirment de corrida en corrida. José María Manzanares, totalement retrouvé en cette fin de saison, peut lui aussi regretter cette sévérité du palco qui, plutôt que de sortir un second mouchoir blanc, préféra le bleu octroyant une vuelta posthume que personne n’avait demandée à son toro de Victoriano del Río. Comprenne qui pourra, mais le silence de cette afición paraît-il si entendue nous parut tout de même assez assourdissant… Emilio de Justo et El Cid devant les Victorino, El Juli les pieds vissés au sol, Manuel Escribano aussi séduisant qu’à Béziers (cette fois devant des Miura intéressants), méritèrent la mention Bien en ces temps de rentrée, et plus officiellement une oreille chacun. Et nous vécûmes enfin un véritable triomphe qui nous fit chaud au cœur, celui de Paco Ureña en état de grâce le vendredi 23 août. Son classicisme, sa torería, son efficacité à l’épée nous ont fait vraiment plaisir et le président a eu cette fois parfaitement raison en sortant deux et deux mouchoirs pour le maestro de Lorca. Quand nous apprendrons qu’aucun autre, depuis El Cordobés dans la même arène en 1964, n’avait coupé quatre oreilles dans la même tarde, nous mesurerons encore mieux l’ampleur de son triomphe devant deux bons Jandilla. Après sa Grande Porte à Madrid, justice est enfin faîte à cet immense torero qui a payé un si lourd tribut à sa profession. Il vient encore de subir une grave blessure à Palencia, mais nous prenons tous les paris pour qu’il revienne plus fort que jamais. Pierre Nabonne.
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