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Temporada : Un week-end virtuel en Espagne.
(24/04/2021)
Trois jours avant le premier paseo à la Real Maestranza le couperet était tombé sur Séville : après celle de l’an dernier la Feria 2021 était elle aussi annulée !
D’autres arènes ont pourtant re-ouvert leurs portes pour donner quelques corridas isolées, mais pas les grandes Plazas pour l’instant. La pandémie continue de faire des siennes mais le désir d’un retour à une vie plus normale devient de plus en plus pressant. C’est ainsi que les billets d’entrée pour assister, dans la limite des places mises à disposition pour raisons sanitaires, à la corrida du samedi 17 avril à Sanlúcar de Barrameda (proche de Cadix) avaient rapidement trouvé preneurs. Il faut dire que le cartel était prometteur avec des toros de Domecq opposés à Enrique Ponce pour la corrida inaugurale de sa saison, à Emilio de Justo auréolé d’un triomphe majuscule 15 jours auparavant à Almendralejo, et à Manuel Díaz González s’annonçant toujours, à l’instar de son célébrissime prédécesseur Manuel Benítez Pérez, sous l’apodo de «El Cordobés».
S’il lui avait fallu s’armer de patience pour être autorisé à utiliser légalement le légendaire surnom, le combat judiciaire pour se voir enfin reconnu comme fils légitime du 5° Calife cordouan (le seul gratifié de son vivant de ce titre honorifique) fut encore plus rude et laborieux. Jusqu’à ce que les tests ADN pratiqués en 2016 lui donnent enfin raison.
Mais entre-temps les années passaient, et si son géniteur continue de jouir de sa glorieuse retraite à près de 85 ans, Manuel Díaz a dû surmonter de nouvelles difficultés. Il ne s’en cache d’ailleurs pas :
« Ma vie, autant publique que privée, n’a pas été facile et j’ai souvent failli abandonner. Et mon corps a aussi beaucoup donné. J’ai débuté en novillada piquée à Córdoba en 1985 et ma présentation en France a eu lieu à Garlin le 25 juillet 1987. Depuis mon alternative à Séville six ans plus tard j’ai combattu plus de 1.000 toros, au prix de beaucoup de sueurs et aussi de mon sang avec18 cornadas graves. J’ai dû souvent m’en remettre aux mains expertes des chirurgiens mais je suis de retour avec deux prothèses de hanches. Et, après trois ans d’inactivité taurine je suis heureux de renouer enfin avec mon public, à bientôt 53 ans tout en préparant l’éventualité de la sortie que mériterait ma carrière».
Pourquoi pas après tout après plusieurs saisons avec plus de 100 festejos au compteur, y compris celles de 1998 et 2007 qui l’avaient vu terminer en tête de l’escalafón, le classement quant au nombre de corridas torées?...Et si en France beaucoup ont joué les rigoristes ou les blasés devant ses prestations, d’autres n’ont pas oublié son triomphe nîmois à la Feria de Pentecôte 1996 sous les yeux de Jean Reno, Christian Clavier et d’un amphithéâtre comble.
Décidément, c’était une autre époque…
Mais voilà enfin cet autre Cordobés de retour tout sourire sous les caméras des chaînes publiques de Castilla-la Mancha media, Canal Sur et même de Télé Madrid braquées sur le regard des toreros s’avançant pour le traditionnel paseo. Nous aussi nous restions les yeux fixés sur notre écran d’ordinateur mais nous attendions un peu plus d’Enrique Ponce, applaudi aux deux, nobles mais un peu fades, avant d’échouer aux aciers après qu’une série de redondos d’une infinie douceur nous ait mis auparavant en appétit. Allez, nous n’en sommes qu’au début d’une saison voilée d’incertitudes et le maestro saura très vite faire mieux.
Pour sa reprise de contact avec les ruedos Manuel Diaz El Cordobés accueillait donc son premier adversaire (tous de plus de 5 ans et dépassant souvent les 500 kilos) avec une certaine prudence avant de reprendre peu à peu confiance et d’en terminer d’une estocade efficace qui lui valait une oreille demandée avec force par le public. Encouragé par ce retour gagnant, Manuel s’enhardissait face à son second. Après avoir dessiné une série de la gauche tout à fait convaincante, il terminait sa faena par deux «sauts de la grenouille» immortalisés par son prédécesseur dans les années soixante, débutant genou au sol avant d’effectuer une pirouette comme mué par un ressort pour se retrouver accroupi dans la position de départ. La foule était aux anges, Julio Benítez (le demi-frère, également torero) applaudissait lui aussi alors que le chirurgien qui avait placé les prothèses à son patient semblait se demander si tout cela était bien raisonnable…Il ignorait peut-être qu’il faut s’attendre à tout avec les toreros, et plus encore quand on porte le nom d’un Cordobés très fêté durant sa vuelta chaleureuse.
Pour Emilio de Justo ce n’était pas si facile de se produire en troisième position, mais il sut capter toutes les attentions du conclave dès sa brillante réception à la cape. Après de bonnes paires de banderilles de Morenito de Arles et de Gómez Odero la suite s’enchaîna sur le même tempo avec d’impeccables séries de muleta couronnées par une bonne estocade et deux oreilles amplement méritées. Face au sixième Domecq, Emilio se montra tout autant à son avantage, construisant son œuvre de main de maître avec une souveraine aisance. La fin ne fut pas tout à fait du même niveau mais tant pis, Emilio de Justo avait laissé une magistrale impression qui sera longue, très longue à se dissiper.
Allez, il ne nous restait qu’à changer de programme pour assister à Séville (à huis clos, hélas) à une prestation haut de gamme du Barça de Messi, 4-0 face à Bilbao en finale de la Coupe d’Espagne dite Coupe du Roi, d’ailleurs présent pour l’évènement et la remise de l’imposant trophée. Mais nous avions déjà noté, à défaut de Feria sévillane, la retransmission dominicale de Castilla-la Mancha, cette fois depuis Bolaños de Calatrava. Là-bas dans la province de Ciudad Real, les toros de Albarreal, inégaux dans leur présentation et leur comportement, allaient se mesurer en premier à Manuel Escribano, toujours aussi décidé et spectaculaire dans les trois tercios. Il n’y avait malheureusement pas grand-chose à tirer de celui qui ouvrait la tarde, mais le second se révéla bien meilleur. Et il n’eut pas affaire à un ingrat en tombant sur un Esaú Fernández qui, la trentaine passée semble arriver à maturité avec un bon goût avéré et d’exquises manières sévillanes, lesquelles lui permirent une faena allurée et templée justement primée par deux oreilles. Celle que Mario Sotos obtint du troisième était sûrement plus généreuse mais le garçon n’en était qu’à la quatrième corrida de sa carrière. Il n’était donc pas question pour Manuel Escribano de rester en retrait de ses collègues et il s’arrima comme toujours pour arracher valeureusement, à la pointe de son épée, une belle oreille, la dernière de la soirée.
Notre week-end touchait à sa fin. Il nous avait valu des moments très intéressants, et nous nous prenions à rêver à nos futures émotions…quand nos Arènes pourront enfin accueillir leurs foules d’aficionados.
Pierre Nabonne.



 
 
 
 
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