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Temporada : Troisième semaine à Madrid : trois nouvelles Grandes Portes ! Compte-rendu Pierre Nabonne)
(31/05/2022)
Le lundi 23 mai mit du soleil dans les cœurs à l’occasion de la magnifique novillada piquée livrée par Ricardo Gallardo et son élevage de Fuente Ymbro. Les trois jeunes toreros firent preuve des meilleures dispositions et ils s’en virent récompenser par l’adhésion de tout le conclave. Le président parvint toutefois à gâcher la fête promise à Jorge Martínez en lui refusant une oreille demandée majoritairement et largement méritée. Manuel Diosleguarde justifia sa prochaine alternative en obtenant un trophée mais Alvaro Alarcón fit encore mieux avec une, puis les deux oreilles du sixième crédité de la vuelta posthume. Alvaro sera vraiment très attendu près de Béziers, à Boujan le 2 juillet face à des novillos de la Quinta.

Deux jours plus tard, les toros du même élevage de Fuente Ymbro, tous âgés de 5 ans et demi, déçurent fortement par leur manque de transmission; allez comprendre pourquoi… Andrés Roca Rey fit pourtant preuve d’un engagement maximum pour mettre le cinquième dans les plis de sa muleta mais il manqua une nouvelle fois de réussite aux aciers. Et les Juan Pedro Domecq du lendemain ne firent pas mieux, une fois de plus…

Les Victoriano del Río vinrent heureusement relever le niveau torista, le vendredi 27 mai, jour de gloire d’Angel Tellez. Le garçon, tolédan de 24 ans, invité de dernière heure pour remplacer Emilio de Justo que l’on ne reverra pas en action avant la fin août, avait endossé son premier habit de lumières chez nous dans les Landes, à Magescq au début 2015. Avec une dizaine de corridas comme seul bagage depuis son alternative en 2018, il démontra un talent rare, une aisance, une assurance, une profondeur qui sidérèrent tous ceux qui eurent la chance d’assister, de près ou de plus loin, à ses deux prestations de très grande classe. Les coups d’épée ne furent pas tout à fait du même niveau et il lui fallut même un descabello final pour mettre fin à sa seconde démonstration, mais il en avait tellement fait auparavant que les mouchoirs fleurirent de partout pour lui accorder la Puerta Grande de ses rêves les plus fous.

Le week-end débuta avec une oreille justement accordée au valeureux valencien Román, dangereusement soulevé par son premier et victime d’une cornada de 25 centimètres près du genou droit. Il rentrait à l’infirmerie quand Gonzalo Caballero en sortait après une lésion et plusieurs contusions infligées par son premier toro de Luís Algarra. Tous deux repartirent ensuite courageusement au combat et Román mérita même une nouvelle vuelta après une bonne estocade de son second adversaire. Mais le corps médical n’avait pas encore terminé son travail alors qu’il aurait certainement préféré assister au 14° sacre du Real Madrid en Ligue des Champions, puisqu’il lui fallut réduire une fracture à l’épaule du peón Jesús Arruga, victime d’une vilaine chute après avoir posé une paire de banderilles. Certes, ce sont les risques du métier mais cela fait tout de même beaucoup en trois semaines à Madrid…

Entre-temps, le pourtant très expérimenté Pablo Hermoso de Mendoza avait lui aussi été blessé en entraînant ses montures, peu de temps avant de confirmer l’alternative de son fils Guillermo. C’est donc Lea Vicens qui remit le symbolique rejón au fiston en mano a mano, mais les deux centaures manquèrent de réussite face à leurs premiers adversaires de la famille Capea. Guillermo réussit à débloquer joliment le compteur au troisième mais Lea égalisa à une oreille partout à l’issue d’une prestation de haut niveau face au quatrième achevé d’un pinchazo et d’une estocade à deux temps. Guillermo, très vibrant, termina très brillamment son après-midi avec deux nouvelles oreilles qui lui assuraient la Grand Porte pour sa présentation à Madrid. Lea Vicens tenait à ne pas être en reste et, remarquable avec ses chevaux-stars Bach, Bético, Guitarra ou Diluvio elle conquit, après une estocade foudroyante, une seconde oreille synonyme pour elle aussi de sortie en apothéose en compagnie de Guillermo. C’est pour elle, après celle de 2019 la seconde sortie par la Grande Porte des arènes les plus célèbres au monde, celles de Las Ventas. Après quatre années consécutives en tête du classement des rejoneadores, jamais une représentante du sexe dit faible n’avait atteint de tels sommets. Depuis l’alternative nîmoise du 14 septembre 2013 la belle histoire est en marche pour Lea Vicens et nous parions qu’elle se poursuivra encore pendant longtemps.

La Feria de Nîmes s’apprête à célébrer son 70° anniversaire. Et, voici 50 ans à Saint-Sever, 27 jeunes français revendiquaient une meilleure place dans le monde des toros. Alors, allons voir à l’Atria l’exposition qui leur sera consacrée. Ce sont eux qui ont permis à la Tauromachie française d’être, depuis, si bien illustrée et reconnue à notre époque.
Pierre Nabonne



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